28 avril 2021

Prudence

De ma Prudence, j’apprends qu’elle est fille de ma maladresse. Ma maladresse, fille de personne. Hasard de construction, encodage erratique, failles invisibles, anciennes, et tout cas personne à blâmer : même pas moi. J’ai mal appris à bouger, mais j’ai appris très tôt que bouger était un jeu risqué, aléatoire. Les meilleurs moments étaient peut-être ceux où l’improvisation n’était pas grave, on pouvait s’agiter pour de rire : danser au hasard de son ressenti, aimer en glissant d’une caresse l’autre, dans la confiance de ce qui est doux.

Depuis les premiers pas ma vie s’est pavée de prudence. Tout de même, je marche bien, je tape à toute vitesse sur ce clavier (avec quatre doigts), je dessine et danse avec une certaine grâce, je mange avec des baguettes chinoises selon une technique non-conventionnelle.

En maternelle, je regardais sans envie mes camarades grimper dans les « cages à écureuils » et faire le « cochon pendu ». Je ne comprenais rien à ces fantaisies animalières : pourquoi vouloir se mettre la tête à l’envers ? Mes parents ne m’ont guère encouragée à dépasser mes réticences. Ma mère, regard inquiet, sentait-elle que je pouvais, plus que les autres enfants, payer le prix de la moindre acrobatie ? Avais-je mangé son angoisse, ou avais-je déjà choisi de jouer plutôt avec mon esprit qu’avec mon corps, qui semblait avoir beaucoup moins de répondant ?

Toutes ces choses que je ne sais pas faire. Loucher. Gonfler un ballon de baudruche. Courir. Faire une roulade (avant ou arrière), ou toute sorte d’acrobatie. Faire la roue. Faire des pompes. Faire un dab. Danser le madison. Porter plusieurs objets à la fois. Conduire, ou tenir sur un objet instable (skateboard, trottinette, patins). Manger proprement. Nager le crawl. Jongler.

Cette défiance envers ma coordination est une compagne quotidienne. Je la savais présente, sans l’avoir jamais vraiment nommée. Défiance et honte. Ne montre pas tes gestes en public. Ne présume pas de tes forces ou de ton adresse. Maintenant, je la vois, cette petite femme avec mon visage. Elle est douce et timide, j’ai envie de la prendre dans mes bras. Elle est précieuse, ma Prudence, qui depuis si longtemps veille sur moi. Maintenant que je sais qui elle est et ce qu’elle a fait pour me préserver, je ne laisserai plus personne l’insulter.

Nous ne ferons pas de grandes choses spectaculaires, du trapèze ou de beaux scores au baby-foot, mais nous pourrons apprendre ensemble. Elle me dit qu’elle a besoin de garanties : être en confiance, pouvoir prendre son temps, avoir le droit d’avoir peur. Petit à petit, elle m’aide à tisser dans mes tréfonds des sensations que je saurai retrouver, des gestes fiables. Nous fredonnons pour avoir moins peur. Nous prenons plaisir à ces gestes nouveaux. Notre territoire s’étend.



11 janvier 2021

Dans dix mois ou dans dix heures

Que ferez-vous dans dix mois ? Nul ne le sait. On peut le prévoir, l'espérer, l'organiser, mais les aléas et les impondérables rendent les prévisions impossibles, "surtout quand elles concernent l'avenir".  

Il est même impossible de savoir ce qui se passera dans dix heures : serons-nous confinés ? Enfermés ? Libérés ? Vaccinés ? 

La vie passe en ce moment à une lenteur folle, tout en promettant des changements brutaux et soudains à tout moment. Nous devons naviguer entre espoir et incertitude, faire des plans et les défaire, ne rien prévoir et tout espérer.

Qu'est-ce qu'un projet ? Rien d'autre qu'un espoir projeté sur le canevas vierge d'un avenir qui n'existe pas. Comme une séance de cinéma, où le spectateur voit l'action, mais où l'on ne sent rien si on passe la main sur l'écran.

Alors il faut rêver, c'est bien la seule chose qui nous reste.

Et moi, dans dix mois, je voudrais faire une fiesta à la campagne.



12 novembre 2020

S'alléger

Je pense souvent à cette histoire que m'avait racontée ma co-blogueuse, et qu'elle tirait d'un livre pour enfant : une vieille dame était attachée à chaque objet, chaque souvenir de sa longue vie, jusqu'à ce qu'une tempête emporte toute sa maison. Il ne lui restait qu'une petite cuillière, qu'elle abandonnait finalement, se rendant compte que les objets lui importaient peu.

J'y pense souvent, et je crois que, comme toutes les histoires, elle est vraie et fausse.

Une amie à moi avait fait une exposition, photographiant les rares objets qui avaient survécu au terrible exode subi par sa famille, en janvier 45, en quittant la Silésie. Elle avait encadré ces quatre photos en grand format : une tasse ébréchée, une fourchette, un manteau de fourrure (et j'ai oublié le 4e). C'était tout ce qui restait de leur vie d'avant. Tout ce qui prouvait que cette vie avait bien existé.

La semaine dernière, j'ai vidé mon appartement - ou plutôt, le premier, et le seul jusqu'ici, que j'ai considéré comme chez moi. A un moment, presque toute ma vie s'est retrouvée sur le trottoir. A ma grande surprise, j'ai éprouvé une vraie joie à voir les passants venir se servir, à voir mes pots ou mes casseroles connaître une seconde vie. Mon fauteuil de bureau chéri, des draps, de l'électroménager acheté avec difficulté ont été donnés de bon coeur.

Mais j'ai quand même gardé des choses qui peuvent sembler insignifiantes - une petite lampe de bureau ; un fauteuil en osier, ramené au terme d'une expédition épique en bus à travers Paris ; une sorte de soucoupe pour la cuisine qui a déjà traversé deux fois les frontières européennes ; un lampadaire récupéré, un peu troué, rafistolé, mais qui me rappelle ma vie passée rien qu'à le regarder ; et une paire de chaussures, les premières à talon, toujours impeccables, jamais à la mode, et que je ne veux pas jeter.

Pourquoi eux et pas d'autres ? Pourquoi certains ont fait un aller-retour à la poubelle, avant de s'abriter dans mon sac à dos ? Je ne sais pas. Je ne le saurai jamais. S'alléger fait du bien... mais il faut être un peu lestée pour garder les pieds sur terre. 




5 novembre 2020

Joies du jeudi #55

 Quelle merveille que la montagne en automne ! Je me suis gavée d'odeurs forestières, d'horizons roux, d'appels d'oiseaux dans les cimes.

Puis je suis rentrée, et après un redémarrage un peu rude, je retrouve de l'élan. Gratitudes :

  • Jeter des peaux de clémentines dans le feu
  • Ne pas avoir le coronavirus (ça mérite quand même d'être souligné !)
  • Vivre la violence en rêve, plutôt qu'en vrai
  • Collectionner les photos de champignons, et découvrir que ce que je pensais être un lactaire en est bien un (lactaire sanguin)
  • Renouer avec le rôle nourricier de celle-qui-cuisine-pour-la-collectivité
  • Boire du lait de châtaigne (équivalent liquide de la crème de marrons, totalement décadent)
  • Lire ! Un roman qui coule tout seul, et de la littérature jeunesse trouvée dans le troc-livres de la gare de Chambéry (ce livre m'a fait mourir de rire ; je l'ai lu le temps du trajet jusqu'à Part-Dieu et l'ai abandonné dans le TER, j'espère sincèrement qu'il a continué à circuler !)
  • Dessiner pendant toutes mes réunions téléphoniques
  • Troquer des perles contre des graines de kéfir
  • M'offrir des chaussons allemands : le confort des pieds est le commencement de la paix de l'âme
  • Entamer un nouveau Bullet Journal



4 novembre 2020

Comme un jardin japonais

 


Cela ressemble un peu à un jardin japonais. Calme, abrité sous de grands arbres, on peut y marcher à petit pas, chercher des yeux un pic vert ou un écureuil roux. Les carpes ont disparu du bassin, remplacé par un arbuste au feuillage flamboyant. On peut aussi le voir comme un terrain de jeu, un tapis vert pour les enfants. Le soir, la lune s'accroche puis perce la verdure des sapins qui, immenses, font croire être en pleine forêt. Selon les heures du jour, c'est une terrasse calme, une promenade ou un sous-bois. Le froid piquant et le soleil d'hiver lui donne des airs de fête.

Un jardin en ville. Un rêve de montagne. Une petite porte vers soi.




29 octobre 2020

Joies du Jeudi #54

L'ambiance générale n'est guère à la joie... Mais peut-être ce rituel de gratitude n'en est-il que plus nécessaire.

Déjà, mes proches vont bien, c'est un soulagement énorme ! Quelle chance !

Parmi les choses qui m'ont rempli le cœur d'allégresse depuis une semaine, il y a :

  • Vivre une journée de poisse, et en rire
  • Interroger un groupe que j'adore sur l'antenne de Cause Commune
  • Passer du temps avec une ado, et avoir à nouveau 17 ans
  • Parler poésie à l'Espace l'Autre Livre
  • M'évader en Savoie, et avoir pour moi tout l'horizon, la forêt de feu et l'air parfumé
  • Apprendre à allumer un feu et à m'orienter, à ma mesure
  • Lire des recueils Lettres Vives devant la cheminée
  • Marcher sur des chemins tapissés de feuilles mortes. Guetter les champignons. Etre en amour du monde
  • Entamer un nouveau carnet
  • Rire avec un ami au téléphone. M'émerveiller d'une synchronicité poétique.


22 octobre 2020

Joies du jeudi #53


Je suis assez émue de reprendre cette rubrique de gratitude, cinq ans après l'avoir laissée dans cette même saison d'automne. C'est une habitude qui, par le passé, m'avait fait beaucoup de bien, comme d'autres auxquelles j'ai été tout aussi infidèles (les "pages du matin" conseillées par Julia Cameron, par exemple).

Qu'est-ce donc qui m'a donné de la joie ces derniers jours ?

  • Recevoir par la poste un très beau vinyle que j'avais commandé avant le confinement : Puput, du trio Concanha. La pochette est encore plus belle en vrai, imprimée dans une magnifique encre orange. Si vous avez besoin d'énergie, je vous recommande les clips du groupe, qui me donnent très envie de danser. 

Leurs chansons me donnent aussi un peu envie d'apprendre des rudiments d'occitan, pour comprendre les paroles.
  • Passer un weekend de paix, de discussions sans fin, et d'émerveillement devant la beauté de la nature.


  • Retrouver mes élèves de l'ABD. Ils sont formidables, je les aime.
  • Finir deux livres entamés depuis beaucoup trop longtemps (j'en parlerai probablement sur les ondes de Cause Commune 93.1 FM)
  • Manger l'exquise chair blanche de poissons dodus.
  • Regarder deux documentaires très étonnants, l'un sur une histoire d'amitié avec un poulpe, et l'autre sur les platistes.
  • Me régaler avec la nouvelle formule du restaurant en bas de chez moi.
  • M'extasier devant l'incroyable expo de mon amie Carol
  • Décider avec Caroline de redonner vie à ce blog !



20 octobre 2020

Reprendre

 Car il n'est jamais trop tard pour reprendre les bonnes attitudes ! A jeudi, pour une nouvelle #joiedujeudi.



11 mai 2015

Semper viridis

Vivre au milieu des arbres, du vert toujours vert, des oiseaux et de la verdure verte.
Quel bonheur irlandais... ou presque.
Juste pour le plaisir.

semperviridis.blogspot.fr

25 septembre 2014

Joies du jeudi #52


  • Recevoir des amis presque tous les jours. Accepter une invitation inopinée à déjeuner. Rencontrer des gens passionnants, bienveillants, stimulants. Créer des rencontres.
  • Voir de nouvelles possibilités professionnelles se dessiner.
  • Lire les poèmes d'un ami et me demander : comment puis-je l'aider à trouver un éditeur qui lui convienne ?
  • Rêver de beaux yeux couleur de lagon.
  • Respirer lentement, consciemment, voluptueusement.
  • Découvrir des bribes de l'histoire d'inconnus du quotidien.
  • Déguster du chocolat Puerto Cacao.
  • Reprendre pied et désir dans la création collective.
  • Parfois, dire non.
  • Me surprendre à avoir envie d'automne.

10 juin 2013

La catastrophe et le sens

" I found earthquakes, even when I as in them, deeply satisfying, abruptly revealed evidence of the scheme in action. That the scheme could destroy the works of man might be a personal regret but remained, in the larger picture I had come to recognize, a matter of abiding indifference. No eye was on the sparrow. No one was watching me. As it was in the beginning, is now and ever shall be, world without end. On the day it was announced that the atomic bomb had been dropped on Hiroshima those were the words that came immediately to my ten-year-old mind. "

- Joan Didion, The year of  magical thinking


3 juin 2013

Mantra dans la levée des sèves

La tempête passe sur moi
c'est un temps seulement, une montée de lune seulement
la tempête passera et demain, après-demain ou dans dix jours, viendra le calme
Dans la tempête je retrouve ma peau de louve, mon nom d'animal
j'y regarde passer les questions brutales, j'y sens mes nerfs se tendre, il est inutile de lutter
C'est le moment d'écouter la folie, la fureur et la rage
les écouter sans les suivre
Il est possible de pleurer, d'écrire, comme de reprendre goût au jeu
Il est possible de reprendre l'allégresse des plaisirs innocents et gratuits, comme celui qui a faim mange

Karine Rougier
 

Notes éparses

La souffrance ne doit pas rester, ne doit pas être inscrite au risque de trouver à sédimenter en soi.
Qui inscrit la souffrance la choisit ; maintenant je ne note plus que mes interrogations, la gratitude ou l'élan.

Je pense aux mots de Missak Manouchian tels qu'Aragon les a repris :
" Je meurs sans haine en moi  pour le peuple allemand "

On est plus libre et plus fort quand on se déprend des conflits dont la substance loge dans la coque du passé.
De la force du présent vient le raz-de-marée qui inondera tous les doutes.

Me voilà présence et écoute. Le ciel s'ouvre pour laisser passer les pluies d'été.
Mistral.

C'est ce qui se passe à la surface du soleil.

10 mai 2013

Tout est dit

" Il est l'affection et le présent, puisqu'il a fait la maison ouverte à l'hiver écumeux et à la rumeur de l'été, - lui qui a purifié les boissons et les aliments - lui qui est le charme des lieux fuyants et le délice surhumain des stations. Il est l'affection et l'avenir, la force et l'amour que nous, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d'extase.
 
Il est l'amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue, et l'éternité : machine aimée des qualités fatales. Nous avons tous eu l'épouvante de sa concession et de la nôtre : ô jouissance de notre santé, élan de nos facultés, affection égoïste et passion pour lui, lui qui nous aime pour sa vie infinie...

Et nous nous le rappelons, et il voyage... Et si l'Adoration s'en va, sonne, sa promesse sonne : "Arrière ces superstitions, ces anciens corps, ces ménages et ces âges. C'est cette époque-ci qui a sombré !"

Il ne s'en ira pas, il ne redescendra pas d'un ciel, il n'accomplira pas la rédemption des colères de femmes et des gaîtés des hommes et de tout ce péché : car c'est fait, lui étant, et étant aimé.

O ses souffles, ses têtes, ses courses ; la terrible célérité de la perfection des formes et de l'action.

O fécondité de l'esprit et immensité de l'univers.

Son corps ! Le dégagement rêvé, le brisement de la grâce croisée de violence nouvelle !

Sa vue, sa vue ! tous les agenouillages anciens et les peines relevés à sa suite.

Son jour ! l'abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la musique plus intense.

Son pas ! les migrations plus énormes que les anciennes invasions.

O lui et nous ! l'orgueil plus bienveillant que les charités perdues.

O monde ! et le chant clair des malheurs nouveaux !

Il nous a connus tous et nous a tous aimés. Sachons, cette nuit d'hiver, de cap en cap, du pôle tumultueux au château, de la foule à la plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le héler et le voir, et le renvoyer, et sous les marées et au haut des déserts de neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour. "

- Arthur Rimbaud, Illuminations, Génie

photo Maggie Lochtenberg

17 avril 2013

d'amour

" En cette heure peut-être éprouvai-je de l'amour, l'amour aveugle qui n'a pas besoin de se révéler, qui chante d'un coin obscur et qui, du corps, n'offre que la voix. Si amour est pollen d'un soir de mai qui passe dans l'obscurité d'un jardin, si amour est celui qui ne sait pas même pour qui, alors, une fois, moi aussi. "
 -  Erri de Luca,  Acide, Arc-en-ciel

via Carmen and Ingo

11 avril 2013

Joies du Jeudi #51

  • Offrir à mes plantes une terre nouvelle, promesse de croissance et de fleurissement.
  • Revoir plusieurs amies chères avec lesquelles je n'avais pas eu le plaisir de parler depuis bien longtemps. Faire de nouvelles rencontres réjouissantes. Avoir d'autres belles trouvailles ou retrouvailles en vue.
  • Noter le titre d'un livre, et le trouver le lendemain à la bibliothèque.
  • Voir Séraphine, film qui m'a bouleversée autant que je pouvais l'espérer.

  • Faire des rêves riches et denses. Redécouvrir la vertu d'un sommeil de plomb.
  • Me délecter de vin rouge et de fruits frais.

3 mars 2013

Yang Sheng : nourrir sa vie

"La seule préoccupation que nous ayons à garder à l'esprit, nous qui voulons nous libérer de toutes, nous dit en somme Zhuangzi,  pour laisser épanouir en nous la vie, est de défaire les fixations qui pourraient s'y manifester."
" En Chine, le mal vient seulement du fait que la polarité à l’œuvre ne joue plus, que les grands échanges dynamiques ne se font plus, et finalement que cela ne "passe" plus."

Le sage chinois dit : "J'ai entendu mon maître dire : être apte à nourrir sa vie, c'est comme faire paître des moutons: si l'on en voit qui traînent à l'arrière, on les fouette." (Zhuangzi)
Il ne s'agit pas tant de progresser vers un idéal que de "maintenir toutes ses ressources vitales en développement", ne rester accroché à aucune qualité, se maintenir évolutif et alerte.


2 mars 2013

Pascal et la vie

Pascal : il y a assez de signes pour ceux qui veulent croire, et assez d'obscurité pour ceux qui veulent rester dans la paresse.

Je crois cette pensée largement extrapolable au-delà des questions de foi et de l'existence d'une transcendance.

L'attention est le commencement de l'amour.
L'attention à ce qui contribue à notre bien-être est le commencement de l'amour de soi.

La merveilleuse Sera Beak, prophétesse de la Redvolution

Au centre en soi

Dans l'accumulation d'informations, le tumulte des sollicitations mentales, le principe de mon action doit venir non de cette dispersion, mais de la source en moi de joie, d'amour, de confiance et de beauté pure.
On peut s'offrir le luxe de faire de chaque respiration un acte de foi.
On peut se tenir à la proue de soi-même, sans s'éreinter à courir "après" quelque chose qui nous soit extérieur.

Au centre, il y a peut-être un amandier.


Partir du centre doux et solide, en soi.
Partir de ce qui m'appartient en plein tout en étant le bien commun.

28 février 2013

Joies du jeudi #50

  • Reprendre ces "Joies du jeudi" ... et m'apercevoir que les cinquantièmes m'attendaient.
  •  L'ambiance favorable à la récollection et la reprise.
  • Le plaisir de la mise en page, quand le travail d'écriture est terminé.
  • Les privilèges merveilleux qu'offre le fait de travailler chez soi : préparer des carottes à la vapeur, écouter des créations sonores, nourrir son imaginaire.
  • Les privilèges merveilleux qu'offre le fait de travailler dans un bureau : échanger des sourires, goûter des cookies préparés par une grand-mère américaine, dire « bonne soirée », « rentre bien », « prends soin de toi ».
  • Réveiller mon corps. Rire entre demoiselles pendant un joli moment de troc de nippes.
    Chaque jour, chérir la grâce
  •   Discuter de grandes questions : quel est le niveau de complexité nécessaire pour un personnage de série ? Pour qui écrivons-nous ?
  • Décider que, finalement, je ne veux pas sortir.
  • Aller deux fois au théâtre, d'abord au Rond Point – j'ai surtout apprécié les magnifiques décors polyvalents et mobiles – puis aux Gémeaux pour la dernière mise en scène du génial Declan Donnnellan. Merci à lui pour ce spectacle qui m'a donné l'impression d'en ressortir plus intelligente que je n'étais venue. 
  • Chercher un nom. Être fatiguée mais sérieuse. Rencontrer une femme impressionnante et me dire : je l'admire mais je n'ai pas le souhait d'être comme elle.

28 novembre 2012

Le voyage comme remède à la dispersion

" Le voyage est un remède idéal pour vaincre la tentation de la dispersion qui menace nos vies urbaines. Il offre de revenir à la simplicité de journées tout entières consacrées à s'orienter, se nourrir et entretenir une conversation légère avec la Nature et les hommes. Nulle dispersion possible quand il s'agit de suivre une route. Le recours à la piste allège le fardeau du divertissement. La vie redevient simple. L'énergie retrouve sa voie. Débarrassée des scories qui l'encombrent, des efforts inutiles, des paroles superflues, la vie du voyageur se gonfle de sève. Principe de l'élagage : moins de branches, plus de force pour le tronc. Alors l'esprit concentré peut cheminer le long d'une route unique, et s'exercer tout entier à la plus belle vertu, la plus énergique : être attentif. "

- Sylvain Tesson,  Éloge de l'énergie vagabonde




27 novembre 2012

Transcendance

Tout découle de cette idée, jamais complètement perdue, teintant toujours mes choix et mes croyances, qu'il y a à la vie un double fond.

via www.gabrieldawe.com

Il ne suffirait pas alors de simplement vivre les choses comme elles se présentent, le quotidien mondain, manger, travailler, aimer, se distraire, mais il faudrait mener cette quête de quelque chose vers lequel je n'ai pour me guider ni  nom ni indice.

26 novembre 2012

Inextricabilité

Dans  le bouddhisme, les rubans inextricables signifient quelque chose qui n'en finit pas.

via apictureofit.com

Quitte à être empêtré dans quelque chose qui n'en finit pas, autant que ce soit dans quelque chose de positif.

22 novembre 2012

Information de l'être sans forme

"La consommation des nouvelles et des commentaires dans les journaux  quotidiens ou hebdomadaires, à la radio ou à la télévision, représente une super-production de pensées et d'émotions inutiles. Sans formation, sans préparation, sans étude approfondie, tout le monde a son idée sur tout, en économie, en politique, en diplomatie. Mais personne ne se connaît lui-même, personne ne mesure à quel point il ne se connaît pas lui-même. Chacun chérit ses opinions sur des questions dont il ignore les tenants et les aboutissants et a son idée sur la façon dont il faudrait mettre de l'ordre dans le monde, alors qu'il ne sait absolument pas comment il pourrait mettre de l'ordre en lui-même. La sacro-sainte Information est une immense duperie."
Arnaud Desjardins, Monde moderne et sagesse ancienne (1990)


2 novembre 2012

Déliaison

" Difficulté de mettre à leur place les nouvelles données. Difficulté de la substitution : celles d'avant et leur entourage là depuis tant d'années s'accrochent avec le confort et les astuces de la familiarité. La difficulté de délier est plus grande que la difficulté de relier ; plus longuement emmêlée d'émotion. Que faire ? "

- Henri Michaux

source : Mike Wade

5 août 2012

Musique des premières heures


La musique, maîtresse des états d'âme, guide l'émotion labile et molle. Il y a cette autre sagesse qui recommande de ne pas lutter contre ses états d'esprit mais de les accompagner - sous l'injonction de la musique endolorie, écouter la part de soi qui geint de son arrachement. Dans le décalage des premières heures du jour, là où nos perceptions sont à la fois émoussées et plus cruelles, où notre être se fendille dans la solitude du réveil, la violence de s'extraire du sommeil... nous voilà au bord du précipice qui nous sépare de nous-mêmes, de ce monde, de ceux que nous pourrions aimer. Cet état-là est aussi vrai que l'élan vital qui nous enfle quand la musique sait pulser et rendre l'instant à son versant d'évidence. 


4 mai 2012

Joies du jeudi #49

* Passer 24h à Marseille et y trouver, outre l'incroyable lumière de Provence, des noms connus ouvrant des portes de poésie (le Vieux Port, la Bonne Mère, la Belle de Mai...). J'ai un peu retrouvé dans une moindre mesure le même sentiment qu'à New York, d'entrer dans une ville largement fictionnalisée, une ville de littérature et de cinéma (entre Pagnol et mes rêves de Méditerranée...).


* Tomber à la faveur du Beau Hasard sur un livre très drôle écrit par un vieil ami.

* Boire de la bière dans le train. Manger seule un excellent petit déjeuner d'hôtel. Jouir d'un calme rare. Silence, épurement, solitude. Bien.

* Recevoir des nouvelles de gens chers à mon cœur.

* Héberger des roses splendides et du lilas parme, contre faveur d'embaumement.

* Avoir une chance merveilleuse.

* Faire la fête avec des gens beaux, sympathiques et stimulants. Me repaître les yeux de couleurs, de paysages mystérieux et de belles chaussures.

Irregular Choice

* Rêver de fêtes berlinoises (la nuit) et de voyages futurs (le jour).

* Faire ce que j'ai à faire et voir l'horizon se dégager pour d'autres envies.

14 avril 2012

A mi-chemin...de l'artiste


J'ai du mal à croire que j'en suis déjà à la semaine 6 du programme de Julia Cameron. Je vais néanmoins mon petit bonhomme de chemin, c'est le cas de le dire… Je continue à tricher un peu et à ne pas suivre les directives à la lettre, mais le peu que je fais me met déjà dans un excellent état d'esprit, et je sais que si j'ai dix minutes de trajet à tuer, j'ai toujours de petits exercices sous le coude pour m'occuper à bon escient.


* Je me suis bien reprise en main pour les 3 pages du matin. Les vacances étaient bien pratiques pour les faire le matin tranquillement, d'autant plus que mon compagnon était un excellent soutien ; maintenant que j'ai repris le collier, les pages sont pour moi l'occasion de faire une pause dans la matinée.


* Je n'ai pas suivi la semaine de "privation de lecture" ordonnée par Julia, parce que c'est en contradiction avec un de mes objectifs personnels depuis deux ans : non pas arrêter de fuir dans la lecture, mais au contraire me remettre à lire régulièrement et si possible quotidiennement. J'essaierai peut-être à l'occasion de passer une semaine sans rien lire du tout (même pas en ligne), mais j'aimerais d'abord redevenir une vraie lectrice.


Il n'y a pas d'âge pour faire joujou




 * Côté "Artist date", je suis un peu dans les choux. Est-ce que partir en vacances, ça compte ? J'ai beaucoup joué, me suis beaucoup nourrie de ce que je découvrais (et beaucoup nourrie tout court d'ailleurs), mais je n'ai pas vraiment réservé de temps pour faire quelque chose toute seule. Je dois d'ailleurs (cela fait partie des exercices de la semaine 4) me planifier une journée entière d'"artist date". C'est encore en réflexion. Cette semaine, j'ai pris le temps (et beaucoup de plaisir) à fabriquer des paquets cadeaux avec des images de presse.


* Synchronicités et belles choses ponctuent toujours mon quotidien. Magie !

31 mars 2012

Qu’est donc ma vie devenue ?

Le noir. Le calme. Le silence. Je ferme les yeux et j’aspire au trou noir. Rien. Personne.
Je ne demande pas grand-chose, juste un peu de temps, juste un peu d’attention. J’ai été écrasée par la machine comme on écrase les données, effacée du disque dur, balayée d’un coup de souris. J’ai piétiné mes traces, je deviens transparente, je m’évanouie de la surface des choses. On ne me voit ni ne m’entend. Je n’existe plus.
Je rêve d’être très très loin, dans un autre monde de fantaisie. Je vois l’océan, les voiliers, la montagne et les fougères. Là-bas la lumière tombe du ciel, les légendes s’incrustent sur les maisons et les histoires sont dans la peau. Le guerrier lutte dans un combat égal où la nature et la nuit le provoquent et le protègent.
Et sur mon bureau en faux bois, sous des néons artificiels, je respire les solvants en tapant sur du plastique. A l’intérieur, je meurs.
(Caroline)

29 mars 2012

Le chemin de l'artiste...semaine 4 ? vraiment ?


La discipline... Faire des gammes, des longueurs, du petit latin, la vaisselle après avoir mangé, des abdos - tout cela m'a toujours paru extrêmement difficile. M'astreindre à faire une même chose quotidiennement ou même régulièrement, j'ai beau savoir aujourd'hui (je dis bien savoir et pas seulement croire) que c'est la voie de tout progrès, je n'y suis vraiment arrivée que pendant quelques mois, lorsque j'avais commencé à vider mes vieux carnets sur Tumblr, et je bénéficiais là d'une double facilité : c'était quelque chose qui me plaisait, avec une gratification immédiate (un billet publié = un résultat concret), et je rendais des comptes à Marc, qui est un vrai coach et un vrai ami.
J'ai su tout de suite, lorsque je me suis lancée dans la lecture (censément) active de The Artist's way que n'en parler à presque personne et suivre le truc dans mon coin me rendrait d'autant plus ardue la discipline quotidienne devant accompagner le programme.

Prends soin du Mogwai qui est en toi

 Où en suis-je aujourd'hui, théoriquement au milieu de la 4ème semaine ?
  • J'ai écrit mes 3 pages du matin avec de plus en plus de régularité sur toute la semaine 2 et  le début de la semaine 3. Pas toujours le matin, pas toujours 3 pages complètes. Si quelque chose m’interrompt, je donne la priorité à l'interruption. Une page de plus ou de moins me dis-je, ça ne change pas grand-chose. Et là, je me rends compte que je n'ai pas poursuivi l'exercice depuis samedi dernier, soit depuis le début de mes vacances. Je ne m'en étais même pas aperçue. J'aurais pourtant largement pu utiliser des trajets de train ou de métro pour m'y atteler (je n'ai pas envie de le faire au réveil, à moins que l'on me démontre que c'est vraiment le moment idéal), mais j'ai tout bonnement oublié. Pourtant, la conscience du "chemin" de Julia n'a jamais cessé de m'accompagner. J'ai le sentiment de rester dessus. C'est un état d'esprit avant tout, isn't it ?
  • D'ailleurs, je profite avec allégresse d'un retour en force de belles synchronicités dans mon quotidien. J'ai même fait un rêve prémonitoire (sur un thème artistique qui plus est). La vie m'a apporté sur un plateau l'exercice parfait pour me remettre à écrire de la poésie. Du coup je profite et ne m'inquiète pas trop de gâcher le parcours avec mon laxisme de cancre.
  • Mon "artist date" de la semaine 3 : flâner deux heures dans le quartier des Batignolles en profitant du calme ensoleillé de ce printemps mirifique. Manger une grosse crêpe sur un banc. Lire le nom des fleurs.
  • Mon "artist date" de la semaine 4 : lire dans le train pour le Havre le premier volume des Brèves de comptoir, qui m'ont réjoui le cœur. La préface est superbe, et il y a dans la démarche, dans ces petits éclats pris au réel quelque chose qui me touche profondément. Rendre au monde sa beauté. Lui dire : j'ai remarqué. C'est pour cela que aussi que j'aime tant la photo et les croquis sur le vif.
  • Concernant les divers exercices proposés par Julia, ce n'est pas vraiment brillant. J'en ai fait quelques uns par écrit mais pour la plupart, je me suis contentée d'y réfléchir (pour ne pas dire d'y rêvasser). J'ai toujours de plus ou moins brillantes raisons de ne pas les faire strictement : soit je les ai déjà faits par le passé ou ce sont des réflexions que je mène déjà naturellement au quotidien depuis quelque temps (typiquement, sur les gens desquels il est bon de s'entourer ou pas), soit je ne me sens pas vraiment concernée. Bref, heureusement que le bouquin est à moi, je me réserve la possibilité de retourner y jeter un œil plus tard, qui sait.
  • Nous sommes déjà jeudi et je n'ai même pas lu le chapitre sur la semaine 4 ! Là aussi j'ai une excuse : je suis en vacances et ça brouille ma perception du temps. En plus je suis déjà débordée et je pars demain en voyage. M'enfin. Bon, je le lirai tout à l'heure.
la vie imite la mode bien plus que la mode n'imite la vie