28 mars 2011

Mélancolies (25/03/11)

Les retours de mélancolie sont normaux. C'est un luxe que de pouvoir ressentir ce type de vertige lorsque l'on se penche au bord de sa vie. Les mélancolies, il faut les aborder comme des amies. On ne claque pas la porte au nez à de vieille copines.

(L.R.)

Ce matin je suis venue au jour appelée par 16 Horsepower et les Pixies. C’est comme si j’avais été réveillée par mes pâles 18 ans, tout en déséquilibre hormonal et humeur noire. Le monde qui nous entoure est le produit de nos croyances, et je suis prête aujourd’hui à souscrire à toutes celles qui me promettent la sérénité et la joie. J’ai Le livre de la méditation et de la vie de Krishnamurti dans ma poche, je me laisse fondre au soleil et draguer par les moineaux mais je retrouve à mon côté mes 18 ans au cœur lourd, aux yeux cernés. Si j’ai tant l’impression d’être rattrapée par mon passé c’est qu’il doit y avoir quelque chose dans l’avenir qui ne me donne pas envie d’avancer vers lui, quelque chose dans le présent qui ne me retient pas assez. J’ai accompli mon destin d’héroïne romantique, je suis libre de passer à autre chose, mais la voix venue du fond m’appelle encore. M’appelle ou se tait, et de ce silence vient mon vertige, lorsque je me perçois debout au centre du temps, ma vie coulant autour de moi, comme les images sur les parois de la caverne. Combien de livres de chair donnerais-je pour embrasser la vérité. Combien d’années de ma vie de jeune femme ai-je offertes à l’amour qui me la faisait effleurer. Et maintenant qu’en sais-je. Parfois quelque chose s’offre à moi, lorsque l’alcool me fait flotter dans un temps distinct, abstrait de la narration de ma propre vie. C’est l’instant pur que je cherchais déjà du temps de la mélancolie, il y a dix ans de cela. L’instant est-il le bout de ma quête ou est-il lui-même la main tendue vers autre chose, peut-être vers rien ? Si le printemps est désormais la saison où mon cœur se brise, où mes vêtements se teintent à nouveau de noir, si je dois vivre chaque année les retrouvailles avec ma peine, que l’on me rende à une autre saison les bourgeons frais et l’ivresse du premier soleil. J'ai l'impression de gâcher le vert tendre des tilleuls. Je regarde ma tristesse comme un objet tombé au sol, sans la comprendre et en même temps la connaissant, l’ayant si longtemps portée. D’où vient-elle et quel est son usage, vers quoi veut-elle me guider ? si elle revient, c’est bien qu’elle a quelque chose a me dire, ou alors elle n’est que vaine, qu’un aléa du sang qui ne m’apprend rien et doit pouvoir être dissipé.

Oeil critique

Je déteste les critiques. Je déteste les entendre, je ne supporte pas qu'on parle de moi. En général, je fuis, j'admets mes torts pourvu qu'on arrête le plus vite possible d'en parler. Si je ne suis pas parfaite, ou très très bonne dans ce secteur, j'arrête tout, je m'en vais le plus loin que je peux, je mets la distance maximale entre moi et mes imperfections.
Je ne progresse donc jamais. Je n'essaye jamais deux fois si la première tentative a été infructueuse.

Appelez cela de l'orgueil, de l'arrogance ou de la vanité. C'est mon péché, celui qui se transmet dans nos gènes, que je combat depuis toujours, sans le moindre succès jusqu'à présent. Souhaitez-moi, maintenant que j'en ai pris conscience, de le vaincre enfin, et d'apprendre l'humilité.

24 mars 2011

Le combat

La violence de notre éducation me frappe particulièrement. Elle est comme un poids lourd qu'il nous faut traîner des années, et dont on ressent les douleurs même longtemps après qu'on l'ait, enfin, abandonné. Dans cette course perpétuelle au plus, au mieux, à l'amélioration continuelle, nous sommes les perdants, des coureurs de marathon condamnés à mourir sur la piste. On n'obtient jamais 20 sur 20. On ne nous a jamais dit: c'est très bien, mais toujours: tu aurais pu faire mieux, voici comment t'améliorer. Nous sommes une déception perpétuelle, dès qu'on ne remplit pas tous les espoirs qui ont été, pour une raison quelconque, mis un jour en nous par ceux qui n'en avaient pas le droit.


Garder une parcelle de soi en dehors de cette course à l'excellence inatteignable est un défi, presque un péché. J'ai toujours refusé de prendre des cours de dessin ; j'ai réussi à préserver ce qui m'est de plus intime, de plus ancien, loin de tous calculs ou de jugement extérieur. Mais je dois le faire en cachette, loin des conseils bien intentionnés de ceux qui prétendent voir en moi ce que je j'ignore. Comme si tout ce que nous faisons devait être rentabilisé, évalué, jugé, vendu sur le comptoir de la productivité. Comme si la naïveté d'un geste, quel qu'il soit, était seulement une ébauche avant le grand jugement.

Pourquoi ne célèbre-t-on jamais la beauté simple, la chance et le calme? Pourquoi détruit-on la simplicité gratuite des enfants?

Just stop.

Stop thinking. Stop listenning to bad music. Stop answering narrow-minded question. Stop worrying. Stop looking at yourself into the mirror. Stop trying. Stop trying to change. Or stop trying, and don't do anything. Stop working. Stop looking at your phone. Stop analyzing. Stop looking for the problems. Stop fixing the problems that don't exist. Stop fixing someone else's problem. Stop getting involved. Stop acting. Stop facing. Stop pretending. Stop playing. Stop looking for who you are, because obviously you're already someone, and others around you don't doubt your existence. Stop waiting. Stop being concerned. Stop thinking. Just stop.

20 mars 2011

Une vie comme la flamme d'une bougie votive


" Pour s'épargner de la distraction de l'imprévu, les moines soumettent les heures de leur vie à une règle choisie. Ainsi privé des perturbations, leur esprit peut se consacrer à l'adoration. Rien de plus étranger au principe bergsonien de recherche du jaillissement perpétuel de nouveauté. On pourrait penser leurs existences mornes, racornies, dépourvues d'énergie car cuirassées d'habitudes. Mais la vie des mystiques s'épanouit par-delà l'habitude. Elle peut se passer du renouvellement permanent de l'instant car elle tire son feu d'avoir un jour connu un instant supérieur à tous les autres et qui se répète dans le rythme de la loi liturgique : celui de la révélation du principe divin. Ainsi le sage retiré du monde, l'homme de la grotte nourri de lézards : son avenir est sans surprise, mais un brasier brûle quand même en lui. Une nécessité de se maintenir en vie pour continuer à éprouver le sentiment immense de se savoir habité par quelque chose de supérieur. "


- Sylvain Tesson, Éloge de l'énergie vagabonde

19 mars 2011

Sometimes

Sometimes I wished I could get away from everything. Just fly away from my life, the people I know, living without money in a world without news, society and radio sounds. I suddenly hate the world rumour beaching on my shore, the anger and the fear it wears.
I would like to be with no one, with no pressure, living in an eternal face to face with myself. I would not have to care about other people thinking, I would not have to accept criticism, advice, gossip.
I hate gossip so much. I'm already very far away from all this, I avoid personal implication and can't live a commitment. I even stopped to love -suddenly, it disappears, the memory of lovers vanished and it only stays a hole in me.
The sky is empty, and only the ugly sounds of the world screams are to be heard, threatening, terrible, loud, like a giant siren alarm that try to destroy our brain before we all explode.

But there is flowers on my table, the sun's shining outside, and it seems possible to try once again -who knows what happen next.

18 mars 2011

Punkhead

The day I discovered I was a punk was an incredible relief. Finally, I was able to put a word on the strange feelings that were living and growing inside of me. Because obviously I'm not wearing a Mohawk or a nappy pin in my nose, and I never even thought of it.
But despite my bourgeoise outfit and very normal figure, I AM punk. It explains my passive-aggressive way of seeing life, my protesting attitude, my many doubts about the world and my continually questionning of life. It explains the despair of mine, that overwhelmed me sometimes. I'd like to be able to yell them into a micro, too, but it will be asking too much.
But whatever I do, I know now that there has always been a lot of people like me, feeling outcasted or angry about the society. And that is a nice feeling.

17 mars 2011

Slapping back

Just realized that, for some people, I will stay a bad journalist and a stupid person for ever. It is painful.

14 mars 2011

L'imagination peut-elle assez

" Qu'imagine-t-elle, cette poignée d'Européens ultra-éduqués, dont les membres forment le boy's band du développement durable ? Que les discours citoyens, les actions individuelles, les comportements vertueux enrayeront le pillage des ressources ? Que pourront les bonnes intentions de quelques hommes lucides et de bonne volonté devant la course aux réserves ? Se rend-on bien compte de la charge énergétique contenue dans le marché de Rawalpindi, de la frénésie consommatrice d'une seule rue du quartier commerçant de Hong-Kong ou d'un quai du port de Bombay ? Se rend-on compte que des Moluques au Balouchistan, des milliards de postes de télévision serinent à des milliards d'enfants que le bonheur est dans le supermarché. La télévision désigne le but : atteindre la prospérité de l'Occident. L'Europe a montré la voie, elle explique depuis des décennies aux spectateurs ébahis par son succès comment jouir le mieux possible et transformer la richesse en temps libre et le temps libre en loisir. Le western style est devenu fantasme. La télévision jette de l'huile sur le feu de l'Envie. Le souhait d'accéder aux niveaux de vie occidentaux génère dans le cœur des hommes, de Bamako à Bogota, l'énergie la plus puissante qui soit, celle qui mène le monde selon René Girard : l'énergie du désir mimétique. Elle amène l'homme à lutter non pas tant pour l'objet que pour sentir la satisfaction de posséder autant que celui qui possédait autrefois plus que lui.

(...)


Il existe deux autres voies pour mettre un terme à l'insulte faite à la Terre. Une infime poignée de vagabonds, racleurs de vent et princes des cabanes, nous indique le chemin qui mène à la première. Ils vivent et courent dans les bois, se nourrissent de soupe à l'ortie, loin des impératifs de la religion, des commandements des marchands et du désespoir urbain. Ils se sont exclus de la spirale énergétique. Si toute vie laisse une marque sur la peau de la Terre comme le harpon sur le cuir des cachalots, au moins l'entaille des vagabonds est-elle superficielle. Dersou Ouzala et ses fils spirituels n'ont pas besoin de brandir les oriflammes du développement durable ou de la décroissance soutenable. Ne se rendant pas aux manifestations écologiques à bord de leur voiture, n'utilisant pas d'ordinateurs pour diffuser leurs idées, ils sont les seuls à pouvoir légitimement argumenter sur le sort de la Terre. Mais ils ne s'expriment jamais car ils ont décidé que leur vie tiendrait lieu de discours. Ils sont tellement peu nombreux que les larmes coulent lorsque nous pensons à eux.
La seconde issue préconise de consommer toujours plus. Dans la meilleure hypothèse, les réserves pétrolières n'offrent plus qu'un siècle d'exploitation, les gisements d'uranium seront épuisés dans 80 ans et plus aucun filon de gaz ne chuintera dans trois générations. Précipitons donc la fin de nos maux : accélérons l'épuisement des ressources ! Ouvrons les vannes. Que tournent les moteurs. Que dégueulent les pipes et flambent les torchères ! Une fois l'humanité acculée à des nappes vides, la tentation de sucer le brut toujours plus profond pour alimenter notre plaisir aura disparu. Il ne sera alors plus temps d'organiser un commerce équitable, une réduction des impacts ou un échange éthique. Mais il sera question d'imaginer vraiment un autre monde. "

- Sylvain Tesson, Éloge de l'énergie vagabonde

12 mars 2011

Same path

"Scorpion: Le Soleil booste vos amours et votre créativité. Profitez-en pour dire à ceux qui vous entourent combien vous les aimez. Mettez au clair les écrits que vous aimeriez publier, partagez avec enfants et petits-enfants des moments privilégiés, faîtes reconnaître vos talents d'artiste ou de sportive, organisez une fête ou de petits dîners, réjouissez-vous surtout de tout ce que la vie cherche à vous donner!"

Un programme pour la semaine, donc.

Spiegel

"Je ne mérite pas de m'affliger moi-même, car je n'ai jamais volontairement affligé autrui."

Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, VIII, XLII

Mouchetée


It all started with a dream. Or, perhaps, to be honest, it all started a long time ago, with very strong feelings, these of a small girl wondering of how her life will be many years later.
But it goes on with a dream, the strangest that ever happened before. It was all certainty, a strong message you need to do something with.

Well, I did. I didn't really unterstand what the fuck I had to do, or what was the point, the goal, the need, and more than anything, why I felt concern now about an old situation -and its consequences in a year from now.

Then the weirds happen. A charm found on a airport baggage claim, a email exchange who brings you back a year ago, a search that couldn't obviously happen at an other time, a book dropped in a mail box, foreigners you should never have seen, people you should never have met. It's been so much it's pointless to score, something was talking to me, and it's been only a week.

It stopped like it started. The certainty vanished, I woke up and looked at it with no clear mind.

I just now know that I have to wait an other year. Things are just going the way the universe told me a year, or many years ago. I'm not really surprised, just amused my feelings's been so strong.

There is a calm year and a lot to do for myself ahead. I'm looking forward to seeing what brings the future. Appointment made.

10 mars 2011

Le rendez-vous des errants

" Il croit qu'il faut imaginer le monde comme le rendez-vous des errants qui s'avancent sac au dos, des clochards célestes qui refusent d'admettre qu'il faut consommer toute la production et par conséquent travailler pour avoir le privilège de consommer, et d'acheter toute cette ferraille dont ils n'ont que faire ; réfrigérateurs, récepteurs de télévision, automobiles (tout au moins ces nouvelles voitures fantaisistes) et toutes sortes d'ordures inutiles, les huiles pour faire pousser les cheveux, les désodorisants et autres saletés qui, dans tous les cas, atterriront dans la poubelle huit jours plus tard, tout ce qui constitue le cercle infernal : travailler, produire, consommer, travailler, produire, consommer. J'entrevois la grande révolution des sacs à dos. Des milliers, des millions de jeunes Américains, bouclant leur sac et prenant la route, escaladant les montagnes pour prier, faisant rire les enfants, réjouissant les vieux, rendant heureuses les jeunes filles et plus heureuses encore les vieilles, tous transformés en Fous du Zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés, sans rime ni raison, pratiquant la bonté, donnant l'image de la liberté par leurs actes imprévus, à tous les hommes et même à tous les êtres vivants. "

- Jack Kerouac

Les clochards célestes

7 mars 2011

Je le savais déjà il y a dix ans


J'ai pris ce tic de m'atteler à ma vie comme à un examen difficile, pour lequel il faudrait prendre beaucoup de notes et repasser beaucoup de leçons.

6 mars 2011

note prise jadis


Restons dans l'humain, dans le petit quotidien, sans honte pour la souille, quittons nos poses et mettons-nous à la tâche. Les manches retroussées, prenons la posture de l'artisan, sortons le mètre, gâchons le plâtre. Niveler, aplanir, ciseler. Nous sommes entrer dans l'âge de raison, il faut maintenant se concentrer sur les adverbes.

3 mars 2011

Open loops


Mon combat de l'année 2011. Souhaitez-moi bon courage.

2 mars 2011

Power of now

I had lunch with a friend. She has everything I wish to have ; she is very unhappy. She dreams to be able to do what I'm about to launch. I wished I had the stability that destroys her.

"You should be a coach", she said, while my self is so lost sometimes that I just forget what I was just about to do. Giving advice is not that hard, pretending to know, faking confidence for others is not a difficult gimmick.

Perhaps, in another hand, I trust other and their guts more than mine. I can make them listen to what they just need, because being in their skin is actually easier than being in mine.

You say: look at the present, focus on now, start your life everyday from the beginning again. It's a good think to say. It's a powerful thought when it comes from outside. It's a great discovery, if you never have heard it before.


It's good sense, too. It is so obvious that you wonder how it could actually change your life. Will I be happier because I just focus on the flowers on my desk or on the shiny sky outside? By the way, what really means "being happier"?

Some will say that you should ask yourself only positive questions, and it is certainly a step on the right direction. "How could I achieve my goals" is much better than "I am so unhappy, why?" But it is possible only if you've already defined your goals.

I asked my friends what was her dream, or her craziest dreams. She had nothing to say. We started to fantasize about being back home in our cuddling, non-improving suburb.

And today morning, I suddenly freaked out about being there, without money and lost in material matters I wouldn't be able to cope with.

The fact is, past is past and future doesn't exist yet. I'm not even sure we can prepare it, or influence it. By imagining how it could probably turns bad, we think we are equipping ourself with garments, but in fact, we are just shutting blinds down and making the present disappear, waiting for some possible catastrophes to come.

In conclusion, living on the present would probably not make you happier right now ; but it is the only way to really live, and that is gut so.

1 mars 2011

Paroles du vagabond enchanté


" Souvent les voyageurs justifient leur départ par leur soif de rencontres, Découvrir l'Autre, s'y frotter, le comprendre, l'écouter et l'aimer : motifs des voyages modernes. Serait-ce qu'à la maison, il n'y a personne digne de soi ? Serait-ce que l'exotisme confère à l'étranger une valeur suprême ? Y aurait-il un rapport entre la profondeur des gens et leur éloignement ? Un voyage en des terres désolées, vides de tout être, n'aurait-il pas d'intérêt ?

Je trouve plus honnête d'avouer que je voyage en vagabond enchanté pour le seul bénéfice de mon âme et la pure jouissance de mon corps. Que me frotter à la beauté du monde est mon unique raison de lever les ancres. Que je suis capable de laisser l'Autre tranquille pendant des semaines si je me sens l'humeur solitaire. "Partir pour rencontrer", entend-on ici et là comme si rencontrer l'autre était équivalent à visiter les temples ou goûter la cuisine locale. La rencontre est un bonheur fugace, rare, avare de lui-même. Elle survient sur la route. Surtout ne pas aller vers elle ! Si elle se décide à venir, alors elle illuminera votre ciel intérieur sans qu'il n'y ait rien à faire. Comme avec les chats.

(...)

Sous la plume de Knut Hamsun, le vagabond cheminant dans la lumière du nord tient "compte de chaque caillou, chaque brin d'herbe, et eux, à leur tour, semblent tenir compte de moi. Nous sommes de vieilles connaissances". Il y a dans la capacité d'émerveillement l'un des secrets de l'énergie vitale. Quelques rares êtres réussissent à se maintenir en perpétuel état de reconnaissance devant le cours des choses, à "tenir [leur] âme en haleine" selon Montaigne. Non pas qu'ils aient affûté leurs yeux à mieux regarder le monde ou qu'ils possèdent une prédisposition au métier de spectateur mais parce qu'ils éprouvent en eux l'unité du vivant. Ils se sentent intégrés à la valse solaire. Ils se savent dépendre de l'astre autant que le chêne et le lombric. Ils développent corps et âme une capacité extrême de réception des signaux du monde extérieur – de ses parfums, de ses couleurs et de ses formes. Ce n'est pas tellement que leurs yeux se tiennent grands ouverts. C'est plutôt qu'ils deviennent eux-mêmes œil ouvert. Ils regardent de toute leur âme, écoutent de tous leurs yeux, reçoivent de toute leur chair. Le monde leur saute au regard comme un enfant heureux vous sauterait au cou. Ils brûlent de l'inépuisable appétit de toujours découvrir quelque chose de nouveau. "

- Sylvain Tesson, Éloge de l'énergie vagabonde