29 novembre 2009

Aimer et travailler


" Tenir le hasard pour indigne de décider de notre destin, ce n'est rien d'autre qu'une rechute dans la conception pieuse du monde."

" Pas une réconciliation avec la réalité, mais avec ses propres capacités. Vouloir ce qu'on veut, pouvoir ce qu'on peut. Pas vouloir ce qu'on peut, aplatissement devant la réalité, ni pouvoir ce qu'on veut - le croire - , figure de toute-puissance. Mais, qu'on puisse jouer sa partie, dire son récit, répondre au monde à sa façon. Aimer et travailler..."

- Sigmund Freud

26 novembre 2009

Joies du jeudi #21

* Écouter Jefferson Airplane et Spirit.

* Voir Renata Rosa sur scène glissant du bout de ses pieds nus, droite et voluptueuse, faisant tourner sa lourde jupe de patchwork plein biais.

* Passer du temps au calme me semble de plus en plus précieux. Ramasser les feuilles mortes, regarder le soleil jouer sur les bas-côtés de la halte Montreuil... Je redécouvre l'automne avec une fascination d'enfant. Dans le même temps, j'aperçois décembre au bout de la semaine ; j'ai commencé à faire dans un coin de ma chambre un tas de paquets bleus noués d'or.

* Passer du temps avec des amis qui me manquaient. Y adjoindre d'autres par belle surprise. Troublante impression de revenir à la source, boire l'eau fraîche qui seule désaltère.
* Apprendre à connaître mes nouveaux collègues, leurs ronchonnades et leur bonne humeur.

* Manger ma première récolte de graines germées.

24 novembre 2009

Faiblesses de l'aube

Bande son : Roxy Music / Chance meeting - The Unicorns / Child Star.

Musique, maîtresse des états d'âme, guide de l'émotion labile et molle.
Depuis quelques années, je me méfie de certaines musiques qui ont le talent de forer en nous et d'installer l'habitude du chagrin. C'est toute l'adolescence cela, l'addiction à une certaine nauséabonde musique des sphères, et à tout ce qui, donnant à nos malaises une mélodie, fait croire à leur légitimité.
Et il y a cette autre sagesse, qui recommande de ne pas lutter contre ses états, mais de voguer avec eux. Sous l'injonction de la musique endolorie, écouter la part de nous qui geint de son arrachement. Dans le décalage des premières heures du jour, là où nos perceptions sont à la fois émoussées et plus cruelles, où notre être se fendille dans la solitude du réveil, la violence de s'extraire du sommeil... nous voilà au bord du précipice qui nous sépare de nous-mêmes, de ce monde, de ceux que nous aurions pu aimer.
Cet état-là est aussi vrai que l'élan vital qui nous enfle quand la musique sait pulser et rendre l'instant à son versant d'évidence.

22 novembre 2009

Ich bin mal weg

"Ne suis pas présente à ma vie. Je vis en recomposition permanente, ne suis pas là où je suis. L'instant m'échappe, le temps s'évapore. J'ai l'impression d'être coupée en deux, dans le vagabondage perpétuel de mon esprit qui s'égare. Les choses n'existent que lorsque je les recompose. L'euphorie des derniers temps, née de l'absence délicieuse d'introspection, est retombée en brume légère sur moi. Les contours sont floutés et je ne vois rien. J'avance à tâtons, par habitude, mais perdue à moi-même.

Ce n'est ni désagréable, ni franchement gênant ; ça n'a aucun intérêt, ne nourrit rien, n'apprend rien. C'est le vide, moelleux, ouaté, doux, inutile.

Peut-être est-ce une transition nécessaire avant d'aborder une période qui sera riche et féconde. Comme je ne vois pas grand chose -physiquement-, mes autres sens s'aiguisent, la musique me pénètre étrangement.

J'attends le moment où je vais me ressaisir : reprendre ma vie à bras le corps, redevenir acteur de moi-même."



Je m'apprêtais à publier ce message quand j'ai réalisé où se situait mon problème. Je fais désespérément confiance à la vie. Je pense que même les situations les plus tordues valent leur peine, que les complications sont les défis stimulants du chemin ; que le bonheur, cette vertu fallacieuse, brise l'élan. Et que la difficulté, la douleur, la tristesse sont les terreaux nécessaires à la création et pour certains, à l'éclosion du génie. Chacun doit trouver son rôle: le mien est celui de la vigie, qui accompagne et tient la lanterne pour éclairer ceux qui magnifient l'existence. Qu'importe que je ne vois rien: si j'ai la chance d'accompagner et de vivre, juste un instant, au contact de ceux qui devinent au-delà de leur pénombre.

20 novembre 2009

Futur indicatif


Garder vive l'attention aux mots. Éviter de dire "je ne peux pas", "on verra ce qui arrivera". Qu'est-ce, après tout, qui nous empêche de prendre la main, et de dire ce qui arrivera ? A force de paroles qui nous coupent de notre propre puissance, nous perdons la conscience de combien nous avons le choix.

En ce moment, je me remets à modaliser, à ne jamais m'exprimer au futur sans utiliser des adverbes qui viennent faufiler du doute et du "on verra" dans mes propos. Théoriquement je vois un tel ce soir. Normalement, voici mes plans. Je suis censée faire ceci.
Je ne sais même pas vraiment pourquoi j'ai repris cette habitude qui tient à beaucoup de superstition ; y perce plus d'inquiétude que de réelle confiance en ce que les aléas peuvent m'apporter et en mes capacités d'improvisation. Qui sont réelles. Je ne l'ignore pas totalement ...mais je laisse la peur prendre le pas.

Les mots, ces bricoles qui ont tout pouvoir : nous pouvons en faire un collier dont nous choisissons les gemmes. Il est dommage de se refuser le plaisir d'être créateurs.

Nuit d'automne

La Loreley

À Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde

Devant son tribunal l'évêque la fit citer
D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté

Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcelerie

Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri

Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley
Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé

Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge
Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège

Mon amant est parti pour un pays lointain
Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien

Mon coeur me fait si mal il faut bien que je meure
Si je me regardais il faudrait que j'en meure

Mon coeur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là
Mon coeur me fit si mal du jour où il s'en alla

L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu'au couvent cette femme en démence

Vat-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblant
Tu seras une nonne vétue de noir et blanc

Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre
la Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres

Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
Pour voir une fois encore mon beau château

Pour me mirer une fois encore dans le feuve
Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves

Là haut le vent tordait ses cheveux déroulés
Les chevaliers criaient Loreley Loreley

Tout là bas sur le Rhin s'en vient une nacelle
Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle

Mon coeur devient si doux c'est mon amant qui vient
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin

Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

-Guillaume Apollinaire-

19 novembre 2009

Joies du jeudi #20

La semaine fut brève... ces vingtièmes joies resteront donc pareillement laconiques.

* Aller au concert des 17 Hippies.
* Rencontrer, à l'occasion d'un moment de crise, la merveilleuse sollicitude de mes amis.

* Faire connaissance avec le bébé le plus réjouissant du monde. Revoir une ancienne collègue et rire de nouveau avec elle. M'exercer à mémoriser le nom des gens. Aller chez une autre Anaïs.

* Aller au salon Marjolaine, avoir envie d'essayer des milliers de choses et m'initier à la culture des graines germées.

* Calme. Petit monde du chez moi. Pas plus loin.

17 novembre 2009

Notes du carnet vert

J'ai longtemps joué de solitude. De là, j'écoutais l'inconscient, le langage, comme la parole de l'Autre en moi.

*

Pendant un temps, S.D. fut mon fantôme familier. Grand enfant rêveur et maigre, aimant les déserts et les lieux publics, les carnets et les cartes postales. Dans son ombre comme son silence, j'avais un abri.
*

"Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."

"Ce que je voudrais (pas encore ce que je fais) c'est musique pour questionner, pour ausculter, pour approcher le problème d'être."

- Henri Michaux

16 novembre 2009

De l'écrire

" La fiction sert dire où est le réel"
- Jean-Louis Schefer

"J'écris pour forcer le réel pied à pied"
- Saint-Simon

"L'écrivain est celui qui vit avec fidélité et attention, avec détresse dans l'imminence d'une pensée qui n'est jamais que la pensée de l'éternelle imminence."
- Maurice Blanchot

12 novembre 2009

Joies du jeudi #19

* Me mettre en bouche la syntaxe de Crébillon, y poser ma voix, sentir le travail des mots - consonne contre voyelle - se faire.

* Faire des rêves denses, graves, plutôt inquiétants en fait, mais très riches - y croisant même l'un des lecteurs de ce blog (à défaut d'avoir eu encore l'occasion de le rencontrer dans la "vraie vie"...mais les rêves ne sont-ils pas la "vraie vie" ?).

* Écouter les Sparks, Lou Reed, The Divine Comedy et Gjallarhorn.

* Trouver une qualité de calme supérieure dans le bel intérieur de M&M - bougies, plantes, couleurs, fontaine, thé Oolong.

* Me délecter chaque jour davantage de la lecture des Jeunes filles en fleur.

* Marcher dans mon beau Paris, sous la lumière claire de novembre, ravie par l'éclat des chrysanthèmes jaunes du jardin du Luxembourg.* Chanter au Cinquante avec le Marcello Sound System.

* Vider un vieux carnet sur mon Tumblr, et le jeter, hop !

* Essayer deux recettes pour cuisiner une grosse courge oblongue.

* Me faire la réflexion que la majorité des gens sont tout de même plutôt sympa.

* Passer par toutes sortes d'états contradictoires et compliqués, avoir peur, faim, froid, rire, découvrir, m'émerveiller, me sentir seule, m'écrouler, découvrir que tout un tas de gens me manquent et me sont précieux, tout à la fois. Ça remue et ça vit.

11 novembre 2009

Like a baby stillborn, like a beast with its horn

Au réveil ce matin j'ai été saisie par un mouvement de révolte et d'affirmation. Je refuse absolument de me laisser gagner par les paroles négatives d'autrui, par l'exigence du stress, par l'idée qu'il faudrait forcément se donner de la peine. Pourquoi de la peine ? ne peut-il pas y avoir d'effort heureux ?
Dans nos vies si brèves, où le temps manque pour jouir de ce qui est beau, j'ai été assaillie par cette idée que rien ne mérite notre souffrance. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille passer tout son temps dans un confort indolent ; mais c'est une question d'état d'esprit. Quelles sont les pensées qui nous nourrissent, et celles qui vont sucer notre sang ?

J'ai le goût du don, mais je ne donnerai pas une livre de chair. A vrai dire, je n'ai pas de dette, le mérite ne conduit nulle part, aucun arrière-monde ne m'offrira les berges de son fleuve de lait et de miel en récompense de ma sujétion.

9 novembre 2009

Transitoire

Le hasard est bon camarade. Cherchant dans mes archives quelque inspiration pour mon message du soir, je tombe d'emblée sur ces mots lus il y a quelques mois au sujet d'une pleine lune porteuse de promesses.
Dans mes rêves je marche sans guide, je suis à la fois le présent et le passé de ma solitude, l'avenue de Paris est si large que je m'épuise d'avance d'avoir à la traverser. Je m'accroche aux camarades silencieux de mon enfance. Je traîne sous un soleil mauvais.
Au réveil, je me vois petite, armée d'un piolet grand comme un jouet, pour franchir une montagne inclémente. Et pourtant je sais que la montagne sera franchie, que je retrouverai mes jambes d'adulte, et douées d'une musculature nouvelle, d'un nouvel instinct grimpeur. Simplement, il faut à cela le temps du passage.

"The key to the future: you don’t belong anyplace where you don’t get to be your brilliant and loudmouth self."
- Eric Francis

"A lot of us came out of that period of trial drained, battered, and bruised. Many of us suffered loss. All of us, in one way or another were challenged to start anew (mentally, physically or both) in a new place (literally, figuratively or both), on the other side of a lengthy wormhole. So, how have we acquitted ourselves since then? Have we sought to be aware of our pain and loss or have we kept ourselves numb and oblivious? Have we taken care to clean the wounds or have we allowed them to become infected? Have we availed ourselves of the chance to heal or have we directed our energy away from it? Have we reached out to others washed up on the beach by the ecliptic tide or did we head inland to fend for ourselves? Have we accepted the helping hands hands offered to us or did we wander aimlessly back into the waves? What have we done? (...) As ambivalent as we may feel, as torn as we may be, tempted to look back and asking wherefore we have come, the moment may instead be right to look out and beyond as we near another monthly summit. Queen Elizabeth I was one of the most powerful people to walk this earth. A monarch when absolute monarchies still existed, she was accountable to no mortal. A visionary who fueled her empire for centuries to come with an economy of production (as contrasted to Spain’s economy of hoarding). A leader respected, admired and served by more than a generation of profoundly gifted men. Yet, near the end, all that she had gathered had not the weight of a moment to simply be. So, on this day, in this moment you are so lucky to have, that a queen would have traded everything for, ask yourself “what have i done?”. Not while holding your head in sorrow and remorse (as is so often portrayed in our culture) but as a call to vision the growing light."
- Len Wallick

“It is not in his goals but in his transitions (that) man is great” -Ralph Waldo Emerson

"The example that comes to mind are the three transitions that took place in the earthly existence of the Buddha. Born, attained enlightenment and passed from this plane, all on the Full Moon. Of these three transitions, two of them all living beings have in common, forming the most obvious basis of our kinship. The third is, well, rare. All of them herald the beginning of something new, with a different energy, occupying a different space. Yup, ramping up like a stress test in the doctor’s office this is our chance to show what we are made of, to show that we have been strengthened, not destroyed by practices that have allowed us to not only survive but thrive through each successive transition. The key would seem to be that we can do this together, that none of us can do this alone, that in and through these transitions (which are about all of us, after all) we can indeed be great."
- Len Wallick

8 novembre 2009

Le champ moutonnant des possibles

"Listen to the mustnts, child
Listen to the donts
Listen to the shouldnts,
The impossibles,
The wonts
Listen to the never haves,
Then listen close to me…
Anything can happen, child,
Anything can be."

- Shel Silverstein

5 novembre 2009

Become who you are

Depuis quelques temps je fais des découvertes sur moi-même. Pour la première fois, au lieu de ressentir la solitude, je profite du silence. Je ressens l'apaisement.
Chaque jour je me réveille émerveillée par mon travail, les rencontres, ma situation.
Je réalise aussi la chance que j'ai de pouvoir vivre seule, à mon âge. Et d'avoir l'opportunité unique de me connaître enfin.
Moi, l'apôtre de l'aspirateur, l'ayatollah de la vaisselle, je me laisse aller.

Aller à être moi, pour la première fois. Ne pas craindre le regard de l'autre ou la critique, c'est une liberté que je savoure.
Libre de mon temps et de mes loisirs, je sors, je profite de toutes les occasions, je dis oui à mes envies.
Autour de moi je vois des femmes, mes aînées de quelques années, dont j'enviais la famille et la stabilité, se séparer de leur conjoint, poussées par la recherche d'elles-mêmes.
Alors je profite de la chance que m'offre la vie d'explorer ce terrain inconnu au moment où je suis sans obligation. Je défriche les erreurs du passé, je rempote seulement les bonnes pousses, j'arrache la mauvaise herbe, j'ai un peu de temps devant moi.
Ma vie est un jardin dont je protège l'enclos. Viendra la floraison, et la fête qui suivra!


Joies du jeudi #18

* Plonger avec délectation dans la lecture d' A l'ombre des jeunes filles en fleurs.
* Ecouter Klaus Nomi, Alice Cooper, Frank Zappa & Captain Beefheart, Roxy Music ...

* Voir Le Ruban blanc de M.Haneke, être émerveillée par E la nave va de Fellini ... et m'éclater la rare avec Borat.

* Voir mon frigo plein de belles victuailles, dont deux superbes courges flamboyantes.

* Suivre une formation avec tout plein de gens qui aiment transmettre et faire rire.

* Goûter un peu de doux repos.

4 novembre 2009

Efflorescence

" A travers le feuillage des jours
le soleil passe la main
et lance sur le carrelage
la monnaie de notre pièce
Solo d'ombres et de voix
pour que nous y trouvions
la force de prendre
le présent par l'avenir
comme un enfant par ses yeux
et rassemblions assez d'oiseaux
pour croire en l'arbre fraternel
qu'ensemble nous portons"

- Guy Goffette

" L’artiste est une créature sensible, qui craint la lumière et le bruit, qui souffre souvent et se consume dans la nostalgie. Les gens sont presque tous ses ennemis, et les amis, ceux qui lui sont le plus proches, sont les pires. Pour celui qui craint le jour, ils sont comme une police, il voit leurs lanternes. Le diable en lui loge dans ses os, la divinité dans son coeur. Qui soupçonne ces puissances qui se querellent et les conflits qu’elles engendrent ? Il vit derrière des murs, l’artiste, intemporel, rarement en vol, souvent dans sa coquille. Il aime le cours étrange et très profond de la nature, mais aussi la réalité claire, ouverte, les nuages qui passent, les fleurs qui éclosent, incandescente, la créature. Les gens inconnus, méconnus sont ses amis, les Tziganes, les Papous, eux ne portent pas de lanterne. Il ne voit pas grand-chose, mais d’autres ne voient rien du tout. Il ne sait rien. Il ne croit pas non plus à la science, elle n’est qu’un demi-savoir. De la même manière que le soleil ne connaît pas l’heure du crépuscule, le souffle, le tendre, l’étrange enchantement de cette heure - lorsqu’il apparaît, tout s’est envolé depuis longtemps, effarouché - la science, avec sa loupe, ne connaît elle non plus rien de tout cela. "

- Emil Nolde.

3 novembre 2009

Tenue de route

"By making a vow of stability the monk renounces the vain hope of wandering off to find a perfect monastery. This implies a deep act of faith: the recognition that it does not much matter where we are or whom we live with. Stability becomes difficult for a man whose monastic ideal contains some note, some element of the extraordinary. All monastaries are more or less ordinary. Its ordinariness is one of its greatest blessings."

- Thomas Merton
" I promise that I shall never give up, and that I'll die yelling and laughing"

- Jack Kerouac

2 novembre 2009

Un moment faire silence

"Enough with feeling guilty for wanting to feel the way you want to feel. Follow your desired emotion. Don't analyze it too deeply. Just let it roll and rumble a bit. It may be there to humble you, expand you, heal, surprise or reinvent you. Anywhere it leads, it's there for a divine reason."


*

" I am not the person who is singing
I am the silent one inside
I am not the one who laughs at people's jokes, I just pacify their egos.
I am not my house, my car, my songs
those are only stops along they way
I am like the winter
I'm a dark cold female
with a golden ring of wisdom in my cave. "

- Paula ColeListen. This is your life.

1 novembre 2009

Aux chers enthousiastes

" Un homme qui cultive son jardin, comme le voulait Voltaire.
Celui qui est heureux que sur terre il y ait de
La musique.
Celui qui découvre avec plaisir une étymologie.
Deux employés qui dans un café jouent silencieusement aux échecs.
Le potier qui prémédite une couleur et une forme.
Le typographe qui compose bien cette page, qui peut-être ne lui plaît pas.
Un homme et une femme qui lisent les tercets finaux d'un certain chant.
Celui qui caresse un animal endormi.
Celui qui justifie ou veut justifier un mal qu'on lui a fait.
Celui qui est heureux que sur terre il y ait Stevenson.
Celui qui préfère que les autres aient raison.
Ces personnes, qui s'ignorent, ce sont elles qui sauvent le monde."

- J-L.Borges