9 janvier 2012

Le oui et le non


"Si on ne peut pas dire non, on ne peut pas dire oui."

"Lorsque nous descendons vers la frontière où la conscience corporelle touche à l'inconscient nous prenons conscience de ce que l'inconscient est notre force, alors que la conscience est notre gloire. Nous sentons l'unité de la vie, et nous réalisons que la signification de la vie est la vie elle-même. Nous pouvons même descendre plus bas et permettre à l'inconscient de nous envelopper comme dans un sommeil magnifique ou un orgasme extatique. Nous nous trouvons alors rénovés dans les sources profondes de notre être, et nous pouvons nous lever pour une nouvelle journée avec une conscience rehaussée, qui n'a pas besoin de s'accrocher à sa lumière éphémère par peur du noir."
 
Dr Alexander LOWEN
 La Bio-Energie

6 janvier 2012

Rémanence

Lorsqu'il partait, se creusait dans mon âme un gros trou de tristesse, d'une tristesse mortelle. Puis elle s'apaisait. Nous échangions quelques textos et cela suffisait à recréer un sentiment de présence.
Il m'appelait toujours en rentrant chez lui.
Tous les soirs, je lui souhaitais une bonne nuit, par écrit, exactement à l'heure où j'étaignais.
J'ai fait cela pendant cinq ans.
Je crois que ma peine, lorsqu'il partait, plus dure au fil des années, était la préfiguration de sa mort, comme un motif déjà tramé avant d'être réellement donné à sa pleine mesure.
Il me manque encore aujourd'hui, j'en prends conscience dans le refus car c'est une pensée inacceptable. Je sais combien être passée à autre chose est pour moi une chance, en même temps qu'un parcours évident. Je n'aime plus les phrases de roman facile comme je n'ai jamais aimé que lui, car il y a là beaucoup de tromperie, j'ai suffisamment aimé après lui pour le savoir. Mais jamais de cette exacte façon. Et quand l'osthéopathe me dit "vos émotions sont bloquées, vous devez savoir pourquoi", je pense fatalement que peut-être ce que j'ai vécu de drame a laissé sa marque en moi, dans la recherche aussi d'une vie calme et sans heurts, dans la fermeture de mon cœur aux grands élans. Certains mots restent difficiles à utiliser après lui. Je n'écris pas "à tout jamais", car je sais bien pour avoir été à moi-même infidèle, que de "tout jamais" il n'y a point.
De cet amour impossible, vécu pour être impossible, dois-je garder seulement que "c'est fait", la passion romanesque n'est plus sur ma feuille de route… ou au contraire pour lui être fidèle, d'une manière dont il eut pu être fier, me tenir heureusement en vie. Vivre surtout à l'écoute de cet élan en moi, sincère et entier, qui me lia à lui si longtemps qu'il pourrait m'y lier encore, si la mort n'était venue prendre sa part.
Je n'ai pas exactement oublié, même si je ne vois pas aujourd'hui à quoi me serviraient pour vivre certains souvenirs.
Je ne suis pas celle que j'étais à 19 ans, et pour l'essentiel, tant mieux. Mais quand mes rêves me font voler au-dessus d'une plaine bocagée, ou recueillir un lièvre blessé, je suis bien la même à tout âge, silencieuse et concentrée, aimante, tendue, libre.
"Un clou ne chasse pas l'autre.", disait-il.

Joies du jeudi #48

 * Rêver qu'un ange gardien me réapprend à voler, et que je m'élève, très haut, au-dessus des buissons d'épine et du vert des champs.


* Vivre un dimanche remarquable par son caractère dominical.

* Cuisiner un rôti familial et du porc masala.

* Manger des huîtres.

* Savourer un bon petit vin bio du pays d'Oc avec un époisses et du pain frais.

* Rencontrer, au moment de basculer dans l'année nouvelle, une femme libre, curieuse et passionnée, au beau nom de commencement.

Merci à la vie pour ce bel appel, cette belle surprise, et cette envie de la suivre au Caire, où mon enfance à encore sa maison.

Oh ! Femme future
Tous ces trésors
Le corps en aventure
Elle s'endort


(désolée pour la référence kitsch ; la coiffure de Julie Pietri est monstrueuse dans le clip, mais vous noterez que le décor est complètement dans le thème)

* Faire un tour au Panic Room avec des amis.

* Dire la vérité.

* Faire. Me remettre le pied à l'étrier.

* Intégrer de nouvelles recrues dans mon projet de spectacle.

* Dormir profondément.

* Me faire les ongles en arc-en-ciel.


* Voir une excellente adaptation théâtrale de L’Écume des jours de Boris Vian, un autre de mes amours d'enfance !
Dommage, c'est fini…mais je vous conseille de suivre les mise en scène de Béatrice de La Boulaye.

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort... 

Boris Vian

4 janvier 2012

Un ordre de mission

Dans le même ordre d'idée que les intentions de Tara Mohr, je me suis attelée aujourd'hui à la rédaction de mon ordre de mission, et  ma première satisfaction fut de constater que j'avais malgré tout une idée assez claire de mon horizon, même si la façon concrète et quotidienne de faire un pas puis l'autre pour l'approcher n'est pas toujours bien définie.

"I want to learn more and more to see as beautiful what is necessary in things; then I shall be one of those who make things beautiful. Amor fati: let that be my love henceforth! I do not want to wage war against what is ugly. I do not want to accuse; I do not even want to accuse those who accuse. Looking away shall be my only negation. And all in all and on the whole: some day I wish to be only a Yes-sayer."
 
F. Nietzsche
Section 276
The Gay Science

3 janvier 2012

Intentions

J'ai eu beaucoup plus de mal à mettre au point une liste de résolutions cette année que les années passées. Peut-être justement parce que la nécessité d'évoluer, d'aller à la rencontre de moi-même et d'une vie intense et vraie se fait de plus en plus pressante, maintenant que la vie d'adulte est vraiment là, et qu' "on n'est plus là pour rigoler" (quoique.. peut-être que si justement !). Peut-être aussi parce que certaines choses nécessaires l'étaient déjà auparavant, et que les reconduire reste une priorité (je pense à la volonté de simplifier ma vie notamment, mais aussi à l'importance de faire une place à la spiritualité et au corps). Peut-être aussi parce qu'à mes vœux intimes se sur-impriment des choses bien concrètes qu'il faut régler (rendre mon appartement habitable par exemple). Peut-être aussi parce que si du point de vue des valeurs je sais de mieux en mieux vers quoi je veux avancer, je ne parviens toujours pas à visualiser à quoi devrait ressembler mon quotidien pour que je sois au sommet de moi-même et de mon adhérence au monde.

" Sometimes our intentions for the new year turn into just that: a kind of macro to-do list, with all the big projects we aim to get done. There’s nothing wrong with that. It’s just limited. There is a lot more to discover and craft about the year ahead than the list of projects our conscious minds would like to get done. There are messages from the heart. There are whispers from the soul. There are new colors to live in and there is new inner music to walk with. How do we get at those things? "


Les murmures de l'âme…
Ma raison a appris à formuler ses intentions ; elle me parle d'organisation, de santé, de progression. Et l'âme de sa voix flûtée murmure le refrain du berger ou le poème de la steppe. Elle me demande quand je quitterai enfin le stade bourgeois pour revenir au stade esthétique, ou aborder le stade religieux. Elle réclame de l'intensité, l'aventure, les pas libres sur des chemins inédits, le feu blanc de la poésie. Elle m'appelle à mettre en mouvement mes quatre pattes, et pas seulement pour une petite promenade de santé.

Pour revenir à Tara Sophia Mohr, elle propose un petit exercice intéressant pour l'année nouvelle.

Je vous laisse jouer avec voici le résultat de mon côté :

1. Parce que j'ai voulu que 2012 soit une année qui compte, j'ai enfin trouvé ma voie professionnelle cette année-là.

2. Parce que la peur de l'échec ne suffisait plus à me retenir de ne pas le faire, en 2012 j'ai pris un boulot qui me permettait d'exprimer toute ma créativité.

3. Parce que j'ai écouté les murmures à l'intérieur, en 2012 je suis partie à l'aventure sans filet.

4. Parce que les choses qui me réjouissaient enfant me réjouissent encore, en 2012 j'ai beaucoup marché dans la nature.

5. Parce que les plaisirs simples sont si riches, en 2012 j'ai passé beaucoup de temps tout calme avec des amis chers.

6. Parce que mon corps m'a servie si fidèlement et esthétiquement toutes ces années, en 2012 j'ai pris soin de lui et lui ai donné la parole.

7. Parce que le monde a besoin de moi, en 2012 je suis allée à sa rencontre.

8. Grâce aux personnes merveilleuses qui m'ont aimée et ont fait de moi ce que je suis, en 2012 j'ai fait en sorte de ne fréquenter que des gens qui me faisaient du bien.

9. Parce que je veux croire à la force du pardon, en 2012 j'ai décidé de lâcher prise à toute culpabilité et de me faire entièrement confiance.

10. Parce que le silence à fait son temps, en 2012 j'ai décidé de faire entendre ma voix sincèrement et sans violence.

11. Parce que je suis vernie, en 2012 j'ai fait toutes les bonnes rencontres aux bons moments.

12. Parce que je voulais jusqu'aux derniers jours de ma vie me souvenir de cette année avec des larmes de gratitude, j'ai fait en sorte de faire de chaque jour une fête, une manifestation magique, et une lettre d'amour à l'univers.

1 janvier 2012

La vie du corps


"La vie de quelqu'un, c'est la vie de son corps. Comme un corps en vie comprend l'attention, l'esprit et l'âme; vivre pleinement la vie de son corps consiste à être attentif, spirituel et expressif. Si l'un de ces aspects est déficient, c'est parce que l'on n'est pas totalement dans son corps. On traite son corps comme un instrument ou une machine. On sait que s'il tombe en panne on a des ennuis. Mais on pourrait dire la même chose de l'automobile, dont nous sommes si dépendants. Nous ne nous identifions pas à notre corps ; en fait nous l'avons trahi (...). Toutes nos difficultés personnelles naissent de cette trahison, et je crois que la plupart des problèmes sociaux ont une origine similaire.

(...) Si l'on ne respire pas profondément, on diminue la vie de son corps. Si l'on ne ressent pas totalement, on rétrécit la vie de son corps. Si l'on bride l'expression de soi, on limite la vie de son corps.

Il est vrai qu'on ne s'impose pas volontairement ces restrictions vitales. Elles s'élaborent en tant que moyens de survie dans un environnement familial et une culture qui renient les valeurs physiques au profit du pouvoir, du prestige et des possessions. Néanmoins, on accepte cette limitation de la vie parce qu'on ne la remet pas en question et, ce faisant, on trahit son corps. Il est également vrai que la plupart des gens restent inconscients des handicaps physiques sous lesquels ils peinent – handicaps qui leur sont devenus une seconde nature, une part de leur façon d'être dans le monde. Ils traversent en effet l'existence avec un budget limité d'énergie et de sensations.

Le but de la bioénergie consiste à aider l'individu à retrouver sa nature première, qui est une condition de liberté, un état de grâce, et possède un caractère de beauté. La liberté, la grâce et la beauté sont les attributs naturels de tout organisme animal. La liberté est l'absence de restrictions intérieures à la circulation des sensations, la grâce est l'expression en mouvement de ces courants, la beauté est la manifestation de l'harmonie intérieure qu'ils engendre. Elles dénotent un corps sain et donc un esprit également sain.

La nature première de tout être humain consiste à s'ouvrir à la vie et à l'amour. Dans notre culture, être sur nos gardes, cuirassé, méfiant et renfermé est une seconde nature. Ce sont les moyens qu'on adopte pour se protéger de la souffrance, mais lorsque ces attitudes deviennent caractérologiques ou se structurent dans la personnalité, elles constituent une blessure plus grave et créent une infirmité plus importante que celle dont on souffrait à l'origine. "

 
- Dr Alexander LOWEN
La Bio-Energie