21 juillet 2011

Joies du jeudi #46

Pourquoi ne pas revenir à ce petit exercice de gratitude et d'enthousiasme ?

Voyons ce que m'ont apporté les 7 deniers jours :

* Manger du steak tartare à la coriandre, de la betterave crue, du thon à la plancha et autres réjouissantes fraîcheurs.

* Me lover dans le soleil de l'après-midi.

* Jouir de la temporalité reconquise des vacances. Quel luxe merveilleux que de pouvoir vivre chaque action, chaque séquence de la journée jusqu'au bout, sans avoir à interrompre son élan pour passer à autre chose. Je veux parvenir à retrouver cette même temporalité en dehors des vacances et jours fériés. C'est incomparable en termes d'intensité vécue. Faisant une avec l'action, cette dernière me transforme et m'enrichit.Lien

* Jouer à Kahuna et Coloretto. Dénicher Schotten-totten et The Big Idea à la boutique du Ludomancien. Découvrir la tranquille simplicité de la vie de quartier à Montreuil. Un quartier, ça devrait toujours être aussi évident : un endroit où, quand on gratte une vitrine, les voisins qui passent vous apportent du white-spirit, vous souhaitent bon courage ou vous demandent de l'aide pour enlever la colle qui est restée sur leurs doigts.

* Revoir de vieux amis de passage. Essayer différentes combinaisons sirop Monin / vodka / Perrier. Mention spéciale pour la cerise et la poire + citron vert frais.

* Découvrir l'oracle Belline avec une amie cartomancienne de grand talent. Je suis très sensible à la beauté des symboles, et je vis toujours la divination comme un renforcement de l'amor fati. Si l'expérience vous intéresse : tirage.belline@gmail.com


* Faire une pizza de A à Z.

* Avoir droit à une séance de coaching au pied levé par Marc Bonheur. Recevoir des coups de fil inopinés d'amis que je n'ai pas vus depuis des mois, et rêver avec eux de cyclotourisme le long d'un canal breton, de ramassage des châtaignes l'automne venu et de balades en forêt.

* Revoir mon chef. Avoir un bon chef, c'est une vraie chance.

* Avancer vers la solution de mes préoccupations concrètes. Faire, nettoyer, calculer, choisir, résoudre.

* Avoir un coup de foudre olfactif pour Musc Kublai Khan de Serge Lutens.

* Donner le coup d'envoi à un projet de spectacle collaboratif entre la Compagnie de l'Arme Blanche et Fihn Razhel. Apprécier les voix claires, sombres, pimentées. Lire des poèmes de Pavese.

Sur une route de campagne

"Il n'y a rien de caché, tout est là sous nos yeux, la vie passée, la vie présente et la vie future, comme trois petites filles échangeant en riant des confidences sur une route de campagne."

"J'ai toujours l'espérance de grandes choses. J'ignore en quoi elles consistent et je les attends sans impatience. Il est même possible qu'elles soient déjà venues sans que je m'en sois rendu compte. Mon âme est comme un chien en arrêt devant un buisson, aux aguets d'un gibier proche et invisible. Bien sûr je n'attrape jamais rien, aucune proie, juste, et c'est suffisant, la certitude éblouie d'avoir entrevu une chose plus grande que ma vie et pourtant accordée à elle, une lumière si pure qu'elle en est presque cruelle."

- Christian Bobin, Ressusciter

20 juillet 2011

Je n'ai pas peur de la route

"On ne peut pas se permettre de traverser l'existence avec l'impression qu'elle nous brisera si on ne fait pas attention, car c'est sûrement ce qui se passera alors."

- Dr Alexander Lowen -

"Avance sur ta route, car elle n'existe que par ta marche."

- Saint Augustin -

18 juillet 2011

Je décide

Récemment, je me suis sentie de plus en plus gênée à chaque fois que je commençais une phrase par les mots : "Il faudrait que je…". Je sentais bien que ces mot-là me venaient plus par habitude mentale que parce qu'ils étaient réellement choisis et pondérés. En les prononçant, je ressentais donc la même gêne que quand je me surprends à des facilités langagières (expressions contagieuses, style relâché et gimmicks sans intérêt), ou quand j'entends, dans la bouche de gens que je connais bien, des opinions dont je peux tracer la provenance, et dont je sais par conséquent qu'elles ne sont pas réellement pensées mais simplement héritées. Dans ces deux cas je ressens de la gêne, car dans le premier j'ai l'impression d'être un pantin (ou contaminée par une sorte de virus qui ronge la pensée), et dans le second, je n'ai pas l'impression que l'autre me fasse la grâce d'être réellement présent devant moi, mais qu'il a dépêché pour s'adresser à moi une sorte d'hologramme ou de répondeur automatique.
Quand je disais "Il faudrait que je…", en sus de cette gêne, je ressentais autre chose : un vague sentiment d'échec, d'écrasement, de découragement. Tout le contraire d'une prise-de-puissance (je cherche une traduction au mot anglais empowerment).

Plutôt que "il faudrait que je…", dire : "je décide de…", "je choisis de….", "j'ai envie de…", "je vais…!" - et déjà je me sens plus solide sur mes pieds.
Plutôt que "oui, mais…", dire : "oui, et", ou "non, parce que", ou "attends, il faut que j'y réfléchisse". *


" Words filter into our subconscious & tell stories about ourselves. For example, there are some words that absolutely are not helpful to us. The word "try" indicates that we are not really in control. If we say we will try to be on time, we will try to do a good job, etc., it's all very wishy-washy. "Try" doesn't really mean anything. Maybe we'll succeed, maybe we won't. We could take the word out entirely & our lives would have much more purpose -- i.e. "I will be on time" or "I will do a good job". Doesn't that feel better, & more decisive? As well as making us feel more powerful & in control of our own destiny, it also gives our mind a strong message, which is one of success. Another word which falls into this category is "can't". The word "can't" indicates that there is something in the way over which we have absolutely no sway. Why not replace it with "won't"? It is more honest! Instead of saying, "I can't clean the house", why not just say, "I won't clean the house"?! "

- Gala Darling, Love & Sequins #5

* Merci à Marc Bonheur qui m'a inspiré ce billet

Revenir à ce qui est

"Nous voilà face à une voie concrète qui va produire des fruits peu à peu, parce qu'on peut s'exercer, s'entraîner, mettre un pied devant l'autre et avancer. Cette voie consiste à revenir à la vérité de l'instant, à juste ce qui est, que ça me convienne ou non.

L'existence, le monde ne tient pas compte de cette demande personnelle, de cette nostalgie qui réclame que la réalité me plaise toujours : si le monde était vraiment bien fait, il répondrait toujours à mon attente du moment. (...) Or, ce n'est pas ainsi que cela se passe. (...) C'est là qu'une pratique devient possible, très concrète et susceptible de vous faire vraiment progresser, une pratique que le moi séparé ne peut pas récupérer, qui efface ce moi dans l'instant. C'est tout simplement l'application de la formule : Pas ce qui devrait être mais ce qui est (...). Il s'agit de ce qui est là tout de suite, en moi et en dehors de moi. Et rien d'autre."

"C'est en refusant non seulement le fait, mais aussi l'état pénible qui en résulte que vous avez vécu jusqu'ici à peu près toutes vos émotions : dans le refus. Nous souffrons de souffrir et il y a là une deuxième réaction, une réaction au second degré, une deuxième dualité qui s'exprime par : je ne suis pas d'accord pour être malheureux. (...) La vérité proclame je suis ce que je suis – au niveau changeant comme au niveau ultime. (...) Puisque c'est, je ne refuse plus, je fais l'expérience de ce vécu intime quel qu'il soit, aussi douloureux qu'il m'apparaisse au premier abord. (...) Je m'incline – et j'agis. Avec ce que j'ai d'intelligence, ce que j'ai d'énergie, ce que j'ai de moyens financiers, je réponds à la demande de la situation, j'agis sur la base de la détente, du oui à ce qui est, de la non-dualité."


"Demandez-vous simplement : les choses étant ce qu'elles sont (et je ne discute pas l'indiscutable) quelle est la demande de la situation elle-même, donc la réponse que justifie la situation – et non : qu'est-ce qui me convient à moi dans mon humeur du moment ?"

- Arnaud Desjardins

13 juillet 2011

Profondeur et surface

Je n'aime pas du tout faire le bilan. Je n'aime pas cela pour la même raison qui fait que j'aime fêter mon anniversaire avec une plus grosse fête chaque année, et que j'aime faire des listes de résolutions : je veux qu'à l'écoulement de temps corresponde un progrès ou une croissance. L'idée de progrès déshonore l'intellect écrivait Cioran, et à l'échelle civilisationnelle je suis d'accord… Mais à titre individuel (mettez cela sur le compte de l'élan archer du sagittaire, ou le besoin de mouvement du vata) mon besoin de progression est si fort que toute stagnation est ressentie comme une régression et me pousse assez rapidement à la déprime.

C'est là que, de par mon tempérament butineur, je me heurte rapidement à un écueil : me dispersant, j'avance à pas de souris et j'ai au final le sentiment de ne jamais accomplir grand-chose.


A vrai dire, j'envie ceux de mes amis qui ont un instinct de spécialiste, ou du moins prennent plaisir à se concentrer sur un thème, chercher à en avoir une connaissance exhaustive et progresser, non pas en surface couverte (on revient à la question des frontières) mais en profondeur. Quel est leur truc ? Comment acquiert-on la patience qui fait devenir expert ?

12 juillet 2011

Du nouveau

Et si chaque jour qui passe était un jour perdu si je n'y ai pas essayé quelque chose de nouveau ?

Si je vois mes actes comme des engagements lourds, des décisions pesant durablement sur l'orientation de ma vie à venir, je me sens soit paralysée soit enfermée. Je ne suis agile, créative et capable d'un peu d'audace, que si je maintiens pur le sens du jeu. En dansant, chantant, jouant, je peux tout tenter. Je peux franchir des caps pour la déconne. Et pourquoi pas ?

On se connait trop mal pour pouvoir prédire comment on se sentira dans telle ou telle situation.
De l'intérêt de se mettre dans toute une variété de situations, moyen d'explorer le monde et soi.

Et si chaque jour qui passe je faisais le vœu d'essayer quelque chose de nouveau ?

11 juillet 2011

Assouplir ses frontières

Plusieurs fois par le passé j'ai dit de moi "je ne suis pas quelqu'un qui….", "je ne ferai jamais ceci…", et la vie m'a apporté des démentis : j'ai travaillé dans une banque, j'ai cherché à acheter un appartement, je me suis vouée à des amours tranquilles… Je découvre aujourd'hui en y repensant que ces démentis sont toujours allés dans le même sens : à ma conception un peu folle (ou libre) de moi-même, mes choix en ont opposé une autre, plus "bourgeoise", en tout cas plus à la recherche de stabilité.

Au cours de ma vie, j'ai endossé plusieurs mythes personnels. Des plus sombres (mal-aimée, heautontimorumenos, princesse d'Aquitaine à la tour abolie) j'ai délaissé les oripeaux pour m'imaginer plutôt femme qui court avec les loups, ou calme habitante d'un monde réconcilié. Comme des rivières nous changeons, et chaque jour qui passe nous coulons d'une nouvelle eau. Je préfère de loin ma nouvelle conception de moi-même, qui ne m'oblige pas à me contorsionner pour faire semblant de ne pas aimer la vie, et qui ne m'abonne pas à la souffrance.

Mais entre la vie du loup et celle du chien j'hésite encore ; je me débats avec mes espérances, avec l'opinion que je voudrais conserver de moi-même (une femme libre, un peu gipsy sur les bords) et l'évidence de mon embourgeoisement.


Jusqu'à présent j'ai toujours accepté avec bonhommie les démentis et les mues. Je trouve rafraîchissant de me dire que les frontières de notre être sont toujours à réinventer. J'aimerais savoir les assouplir, les pousser pour permettre à l'enfant que je fus de courir vite et de sauter haut. J'aimerais me débarrasser de l'idée collante que "je ne suis pas quelqu'un qui prend des risques". Chaque jour qui passe, me délier un peu plus des croyances limitantes qui ont ralenti mon pas et ont multiplié mes hésitations. Ce qui ne veut pas dire nécessairement diluer mon identité ou tomber dans l'illusion enfantine - si attirante pour qui a le goût de la magie - que tout est possible.
Et, pourquoi pas ? Devenir assez vaste pour embrasser mes contradictions sans en souffrir. Être à la fois la fille de mes parents, capable de prendre une décision patrimoniale, et créatrice de moi-même, articulant en action le vœu de mon âme.

10 juillet 2011

Bliss and no less

"To know is to be, connaître c'est être, être et pas avoir l'expérience de quoi que ce soit; la seule ascèse qui ne puisse pas être récupérée par l'ego à son profit, c'est, instant après instant, la communion (être un avec, un et non pas deux) avec ce qui est et avec ce que je suis au niveau changeant et dépendant de moi-même : ici, maintenant, à la surface de moi-même comme dans la profondeur, je suis ce que je suis - en excluant radicalement ce que je préfèrerais être, pure irréalité, pure création du mental.
La conversion d'un premier mouvement de refus en acceptation de l'indiscutable réalité ou vérité de l'instant représente toujours l'effacement momentané de l’égocentrisme."


"A l'arrière-plan de toute notre existence et, malgré les démentis qu'elle nous impose, il y a au fond de chacun de nous cette position : si le monde était vraiment bien fait, il répondrait toujours à mon attente du moment."

"La frustration, la tension due au désir ressenti comme un manque à combler vous a exilés de votre vraie nature qui est complètement heureuse : sat chit ananda, l'être, la conscience, l'état de bonheur parfait, qu'on traduit par béatitude ou bliss en anglais."


"Si vous voulez le silence, intéressez-vous aux bruits. Qu'est-ce que ce bruit ? c'est un robinet qui est mal fermé. Cherchez et faites taire ce bruit-là."

6 juillet 2011

La tension de croître

" Se rendre compte de la réalité de sa condition et ressentir je ne peux pas continuer comme cela est une attitude positive et libératrice qui n'a rien à voir avec les différentes formes de culpabilité, de honte ou même de haine de soi qui accentuent encore notre division intérieure : il s'agit d'une prise de conscience qui nous unifie autour de la nécessité impérieuse de progresser. "

- A.Desjardins

3 juillet 2011

IN TIME OF DAFFODILS


In time of daffodils (who know
The goal of living is to grow)
Forgetting why, remember how

In time of lilacs who proclaim
The aim of waking is to dream,
Remember so (forgetting seem)

In time of roses (who amaze
Our now and here with paradise)
Forgetting if, remember yes

In time of all sweet things beyond
Whatever mind may comprehend,
Remember seek (forgetting find)

And in a mystery to be
(when time from time shall set us free)
Forgetting me, remember me.

- e.e.Cummings

2 juillet 2011

Pleine conscience


"Connaissez d'abord finement votre non-libération, votre servitude, votre mécanicité, votre statut de marionnette."
" L'attention, la vigilance, la pleine conscience, la conscience témoin, en anglais mindfulness, awareness, cette série de termes indique la même attitude qui consiste à voir ce qui jusque là vous échappait plus ou moins complètement, comme une lampe qui s'allume et qui éclaire."

- A. Desjardins