27 avril 2010

I am the most important person

A fixer trop la lumière, on s'aveugle. Et certains, comme moi, tombent évanouis dans le trou noir de la lampe qui s'éteint.
On en oublie parfois que la personne la plus importante, c'est soi même. Il faut se garder de se perdre dans les autres, de concilier ou d'accepter les compromis. Ce serait se compromettre, littéralement - et entacher son essence, voire ruiner pour toujours son estime de soi. Il faut prendre soin de soi, en premier lieu et avant tout autre chose. Que peut faire un pompier s'il est blessé? Que peut construire un maçon s'il a un bras dans le plâtre?
Et avec un peu de chance, au bout d'un moment, la lampe deviendra inutile, car la lumière jaillera d'elle-même de nous sur les autres.

26 avril 2010

Printemps et autres saisons

La marche humaine n'est jamais qu'une chute toujours rattrapée de justesse.

L'expérience que j'ai de la vie humaine est aussi celle d'une succession de déséquilibres, d'une dynamique d'ajustement. Il y a le fantasme de la stabilité des pierres, mais je me demande s'il n'y a pas plus de bonheur et de haute vie dans le fait d'épouser cette dynamique, de la rendre fluide. L'équilibre n'est pas synonyme d'immobilité.
De sa marche on peut faire une danse.

La vie est vaste et mouvante. Je suis en ce moment serrée au cœur par l'évidence de sa brièveté ; le gymnaste qui s'élance pour un saut doit avoir, dans sa prise d'élan, la connaissance de la façon dont il va se réceptionner et dont son mouvement va se clore. Peut-être y a-t-il quelque chose dans le quotidien qui doit être cet entraînement du gymnaste, qui travaille le saut mais sait qu'il ne peut pas éternellement rester en l'air.

J'aime ce qui participe au mouvement mais donne des pistes d'ajustement : les échanges, les signes, et les saisons. Le printemps est merveilleux pour cela : le besoin de se tourner vers l'extérieur est très fort, et dans le même temps, il faut faire de la place pour toute cette nouveauté qui approche, il faut se laisser la place de germer et fleurir, en faisant place nette de ce qui est mort.

15 avril 2010

Joie fleurie du jeudi #33


Les bloggeuses sont actuellement en construction. Merci de votre patience.

9 avril 2010

Joies du jeudi #32

La douleur, la vraie, celle de la brisure amoureuse ou du deuil par exemple, vient gâcher le goût de l'air et rend à peu près impossible de profiter de quoi que ce soit. Et quand elle s'en va par l'effet de quelque magie, ou d'une belle chance, ou d'une victoire de la vie, on oublie sa couleur et la couche de poussière qu'elle venait poser sur chaque chose. C'est comme si elle appartenait à une autre vie.

Le souci en revanche éreinte et ronge, il joue à réveiller toute une cohorte de peurs qui n'avaient pas forcément besoin de ça... mais il n'empêche pas de jouir des moments d'amitié, des avocats à la vinaigrette, des chansons de Bob Dylan, des gens qui vous prennent dans leurs bras, du vin fruité, du soleil d'avril sur un Paris rayonnant, des bonnes idées, et de tout ce qui avance quand même.

5 avril 2010

La pensée du pire peut-elle conduire au meilleur ?

J'ai toujours vécu avec l'idée, je ne sais d'où héritée, que "le pire est toujours sûr" pour reprendre le mot de Freud (certains disent qu'il s'agit d'un proverbe espagnol, pour moi le mystère reste entier mais de peu d'importance : les mots circulent et ce pouvoir de circulation importe plus que leur origine). Autrement dit, j'ai toujours cru intimement qu'il fallait se préparer à ce pire ; aussi ai-je consacré de nombreuses heures de mon existence et beaucoup d'énergie mentale à me préparer à l'idée que je pouvais devenir aveugle, ou être mise en prison, ou torturée pour me faire avouer un secret d'État, ou réduite à la mendicité... et ce depuis mon plus jeune âge, disons depuis que j'ai été informée de la possibilité du malheur.

Assez récemment, s'est opéré en moi un revirement philosophique qui m'a permis de comprendre que se préparer au pire était non seulement une perte d'énergie, car la catastrophe n'a jamais le visage que l'on avait imaginé, mais une pratique nocive, car il s'agit bien de préparer le terrain au pire, autant dire de savonner sa propre pente pour glisser plus vite vers ce qui nous effraie. Envisager le pire, c'est déjà l'accueillir, lui préparer sa chambre en notre sein, alors que notre pensée aurait été tellement mieux employée à nous préparer au meilleur, nous mettre dans les dispositions d'esprit d'être réellement heureux.

Comme souvent, avoir conscience de la duperie de ce mode de pensée magique qu'est l'apprivoisement du pire est une chose, savoir s'en défaire en est une autre. Depuis quelques jours, je suis à nouveau prise à ce piège d'envisager l'horreur, de lui faire d'ores et déjà une place dans ma vie alors que je ne sais même pas encore si j'ai de bonnes raisons d'avoir peur. La sagesse voudrait sans doute qu'au moins je profite avec insouciance des moments présents, qui n'ont été entachés par aucune catastrophe. A quoi sert l'inquiétude ? Vivons heureux en attendant la mort disait Desproges en clignant de l'œil. L'on touche ici je crois à une question éternelle : peut-on être d'autant plus heureux que l'on sait que ce bonheur est précaire ?

2 avril 2010

La connerie et la leçon du balinais

Avant de poursuivre mon partage de notes sur le thème de la communication non-violente, je voudrais vous faire part de réflexions de simple bon sens, mais qui méritent peut-être d'être formulées car quand on en vient à se les faire il est souvent déjà trop tard...

Les ennuis arrivent rarement seuls ; ils préfèrent vous rendre visite par couples comme les témoins de Jéhovah, ou par hordes comme les Huns. Ce n'est pas un effet de malchance mais un effet de perte d'acuité de notre conscience ; comme lorsque nos sens sont émoussés par la fièvre et la lutte contre une infection, quand notre attention est absorbée par un premier souci prenant, on se trouve rapidement dans une sorte d'état second qui va faire que l'on va réagir moins vite, que l'on regardera moins avant de traverser, que l'on saura moins dire non à ce qui nous est nuisible, ou que l'on ne mesurera plus si aisément l'enchaînement des causes et des conséquences.
Là, on peut vite en arriver à faire une grosse connerie, une connerie d'inattention ou de faiblesse, un peu aidé parfois par notre pulsion de mort qui est là et qui veille. Une connerie d'une minute ou vingt secondes qui si le destin et notre épuisement s'en mêlent, pourra bien pourrir tout le reste de notre vie. La prise de conscience vient très vite après, mais une prise de conscience n'a jamais permis de remonter le temps et de corriger ses erreurs. Et là c'est le drame, parce qu'en sus de son souci d'origine, celui qu'on avait tant besoin de fuir en faisant de grosses conneries, on écope d'une angoisse monstrueuse à l'idée de la malédiction que l'on a pu attirer sur sa propre tête.

Que faire alors ? Je cherche encore. Si rien ne peut être réparé, l'urgence est probablement de se débarrasser de cette angoisse qui non seulement ne résout rien, mais n'est qu'un nouvel aimant à embrouilles. Une bonne pratique spirituelle doit aider dans ces cas-là, mais on ne devient pas un éveillé du jour au lendemain, et d'ailleurs un éveillé n'aurait sans doute pas fait la connerie pour commencer...

Il paraît que dans la culture traditionnelle balinaise, un homme qui apprend une mauvaise nouvelle commence par aller tout de suite se coucher. A mon avis, il y a là une vraie sagesse ; si vous commencez à avoir des soucis, arrêtez les frais, prenez soin de vous, ne tentez pas d'expériences nouvelles, voyez surtout des gens que vous connaissez depuis longtemps et en qui vous avez entière confiance, sortez peu, ne parlez pas à tort et à travers et surtout, dormez.
Et si c'est trop tard, que le mal est fait, dormir sera toujours la solution la moins risquée.