20 octobre 2010

Sur la descente à reculons

"On dirait qu'il se passe des choses dans la constellation d'Anaïs", m'interrogeait ce matin ma co-bloggeuse préférée. A vrai dire oui, pour être honnête, vous me trouvez ici en plein accès de bizarrerie, entre survoltage, jeux symboliques et tension émotionnelle. L'univers me fait des blagues, tout un tas de petites blagues de détail, et j'ai décidé d'en rire quoi qu'il arrive, de jouer avec lui.
Vous allez encore me prendre pour une astro-freak mais je me dis que cette bizarrerie impromptue n'est rien de moins que l'ordre des choses et que, vaille que vaille, je fais partie de cet ordre et je danse sur cette barcarolle.

A moins que ça ne soit une rumba ?

Je ne manque pas cette occasion de partager avec vous cet extrait de la Chanson du Mal Aimé d'Apollinaire, un de mes poèmes préférés, qui colle si bien à cette ambiance de Vénus Rétrograde :


Voie lactée ô sœur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses


Les démons du hasard selon
Le chant du firmament nous mènent
A sons perdus leurs violons
Font danser notre race humaine
Sur la descente à reculons


Destins destins impénétrables
Rois secoués par la folie
Et ces grelottantes étoiles
De fausses femmes dans vos lits
Aux déserts que l'histoire accable


Luitpold le vieux prince régent
Tuteur de deux royautés folles
Sanglote-t-il en y songeant
Quand vacillent les lucioles
Mouches dorées de la Saint-Jean


Près d'un château sans châtelaine
La barque aux barcarols chantants
Sur un lac blanc et sous l'haleine
Des vents qui tremblent au printemps
Voguait cygne mourant sirène


Un jour le roi dans l'eau d'argent
Se noya puis la bouche ouverte
Il s'en revint en surnageant
Sur la rive dormir inerte
Face tournée au ciel changeant


Juin ton soleil ardente lyre
Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J'erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le cœur d'y mourir


Les dimanches s'y éternisent
Et les orgues de Barbarie
Y sanglotent dans les cours grises
Les fleurs aux balcons de Paris
Penchent comme la tour de Pise


Soirs de Paris ivres du gin
Flambant de l'électricité
Les tramways feux verts sur l'échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines


Les cafés gonflés de fumée
Crient tout l'amour de leurs tziganes
De tous leurs siphons enrhumés
De leurs garçons vêtus d'un pagne
Vers toi toi que j'ai tant aimée


Moi qui sais des lais pour les reines
Les complaintes de mes années
Des hymnes d'esclave aux murènes
La romance du mal aimé
Et des chansons pour les sirènes




On en reparle après le 18 novembre. Ou pourquoi pas en 2011.

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