20 novembre 2009

Futur indicatif


Garder vive l'attention aux mots. Éviter de dire "je ne peux pas", "on verra ce qui arrivera". Qu'est-ce, après tout, qui nous empêche de prendre la main, et de dire ce qui arrivera ? A force de paroles qui nous coupent de notre propre puissance, nous perdons la conscience de combien nous avons le choix.

En ce moment, je me remets à modaliser, à ne jamais m'exprimer au futur sans utiliser des adverbes qui viennent faufiler du doute et du "on verra" dans mes propos. Théoriquement je vois un tel ce soir. Normalement, voici mes plans. Je suis censée faire ceci.
Je ne sais même pas vraiment pourquoi j'ai repris cette habitude qui tient à beaucoup de superstition ; y perce plus d'inquiétude que de réelle confiance en ce que les aléas peuvent m'apporter et en mes capacités d'improvisation. Qui sont réelles. Je ne l'ignore pas totalement ...mais je laisse la peur prendre le pas.

Les mots, ces bricoles qui ont tout pouvoir : nous pouvons en faire un collier dont nous choisissons les gemmes. Il est dommage de se refuser le plaisir d'être créateurs.

2 commentaires:

  1. N'est-ce pas plus honnête d'ajouter ce genre de mots à nos paroles? Qui peut prétendre ne pas être mort ce soir? Alors oui, évidemment, il y a doute permanent, et c'est ce doute qui nous rend fou. Mais le nier, n'est-ce pas vivre en-dehors de la réalité?
    Certains ne comprennent pas, et ne peuvent pas comprendre que parfois on ne puisse leur donner de réponse claire et quantifiée. C'est particulièrement problématique pour les contrats... et là il faut oser sauter dans le vide, s'engager à quelque chose qu'on pense pouvoir tenir mais dont en réalité on n'a aucune idée, alors que quelque part dans notre tête résonne ce doute et qu'on se voit en train de signer en bas de la page, riant déjà de notre futur échec.
    Et pourtant, la plupart du temps, ça marche :)

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  2. Le problème n'est pas tant le fait d'utiliser des adverbes pour s'adresser à autrui... là effectivement c'est plus honnête, et je ne sais tout bonnement pas faire sans. Mon souci tient au fait d'utiliser des adverbes pour moi-même, non parce que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir mes engagements (je connais ma constance), mais parce que par une forme de superstition je crains que nommer le bonheur promis n'accentue ma déception s'il se dérobe.

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