26 octobre 2010

La journée où les trains ne partaient pas

A toute chose malheur est bon, m'écrivait tout à l'heure la douce Olivia, camarade indéfectible de mon été festif. Prise par l'énergie méchante d'un enfant qui casse ses jouets, j'ai répondu à ses tentatives de consolation que non, la sensibilité n'était pas un cadeau, même si elle ouvre la voie à la création, elle n'est qu'un handicap - et la création qu'un pis-aller.

Je ne suis pas loin de le penser pour de bon, mais je n'aurais pas éprouvé le besoin de l'écrire sèchement à quelqu'un d'aussi gentil et bien intentionné si je n'avais pas été toute la journée d'une humeur épouvantable. Mes moments de pire renfrognement sont souvent des moments où je me sens coupable ou vulnérable, ou les deux. Si je m'aperçois que les événements ont bel et bien prise sur moi, par exemple, que je suis peinée plus qu'il n'est souhaitable parce que quelque chose dont je me faisais une joie n'aura pas lieu, ou du moins pas aussi tôt que je ne pensais… je vois cela comme une faiblesse et je réagis comme un chat blessé… Une autre amie me disait l'an dernier qu'il fallait que j'apprenne à gérer la frustration ; il y a de ça. Je ne fais pas partie des gens qui courent pour avoir le métro qui arrive à quai, mais bien souvent je laisse mon imagination courir devant moi, au devant de ce qui pourrait advenir, en bien ou en mal. J'ai décidé il y a peu d'introduire dans ma façon de voir un changement radical de paradigme, en acceptant d'imaginer plutôt la réussite que l'échec (en rupture avec la philosophie de préparer le terrain à l'échec que je partageais avec Tomatias) - mais je me sens toujours mal armée face à la déception, si elle survient.

La vérité, je pense, est qu'il est tout simplement possible de ne pas être déçu. De même que je ne suis pas déçue si le métro part sans moi, parce que je sais bien qu'il y en a un autre 1 minute 30 plus tard (et quand bien même il ne viendrait que dans un quart d'heure, il n'y a pas de quoi fouetter un chat), je pourrais lâcher prise sur la joie imaginée, parce que je sais bien qu'il y a d'autres joies, d'une autre nature peut-être, à prendre dans l'ici et maintenant, et d'autres encore dans l'instant d'après. Et cette joie imaginée viendra bien, de son pas à elle, au rythme qui lui plaira, et ce sera une belle surprise.

Oui, c'est un lapin. C'est dans le thème.

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