9 octobre 2009

La mutation

Apprivoiser le changement : voilà qui sonne terriblement comme l'intitulé d'un séminaire de management.
Je découvre en grande naïve ce dont j'aurais pu avoir l'intuition : une mutation, même prévue, même acceptée, est un événement violent.

Dans trois semaines se déploiera une ribambelle de jamais plus. Jamais plus de début de matinée à prendre mon temps, écouter les matins de France Culture avant d'aller travailler, me réveiller au dernier moment. Jamais plus de petit déjeuner au Montespan. Jamais plus de déjeuner avec des amis, rue Godot, rue de Provence, chez Higuma.
Je vais entrer d'un coup dans le monde des gens qui prennent les transports en commun tous les jours et à qui leur travail ne laisse pas le temps de souffler et de reprendre place en eux-mêmes.

En face de tous ces jamais plus, il y a la liste des demain. Demain, j'aurai tous les jours le temps de lire, à une heure où la lecture se goûte tout spécialement. Demain, je pourrai me poser vraiment la question de pourquoi je travaille (est-ce uniquement pour subvenir sans inquiétude à mes besoins?). Demain, je rencontrerai de nouvelles personnes qui auront des choses à m'apprendre, chaque jours de nouvelles personnes, et chaque jour de nouveaux apprentissages. Demain je n'aurai plus ce sentiment de passer une partie de mes journées dans une sorte de demi-vie, à moitié dans l'oubli de l'instant et à moitié dans la curiosité d'autre chose. Demain, j'aurai encore des gens pour me soutenir si je tombe : mes parents, des amis proches, quelques personnes même rencontrées dans mon travail actuel. Demain, je serai chaque jour obligée de cheminer vers une version plus forte et plus courageuse de moi-même, je n'aurai plus aussi évidemment le choix de la fuite dans un entre-deux confortable.
C'est pour cela sans doute que je me retrouve aujourd'hui dans cette hébétude qui me rappelle de près le froid de la mort. Demain, hors de mon abri, je donnerai prise au vent.

4 commentaires:

  1. Le vent peut te faire aller vite et loin. Déplie ta voile et surfe donc ces nouvelles vagues.

    RépondreSupprimer
  2. quel est ce changement? tu vas faire quoi comme boulot?
    marjolaine

    RépondreSupprimer
  3. Poste "terrain" à Boulogne... Tiens, je retombe dans un vieux carnet sur cette phrase :

    "La carrière de sainte fut une des seules à m'avoir tentée"

    ...

    RépondreSupprimer
  4. carrière de sainte! marrant!
    y'a déjà une ste anaïs non?
    marjolaine

    RépondreSupprimer

pas