Parmi mes souvenirs d'enfance, j'ai l'impression que le temps de la maladie occupe une place énorme, enflée. Le plus étrange, c'est que mon vécu de maux comparables a totalement changé. D'où vient qu'enfant, j'avais l'impression de me trouver à chaque fois au bord du Styx, et qu'aujourd'hui je tolère tout cela beaucoup plus stoïquement, alors même que je déteste toujours autant la douleur physique ? Est-ce que maintenant le mal se dilue mieux dans mon grand corps ? Est-ce d'avoir quitté le temps étiré de l'enfance ? ou simplement d'être seule et en charge de ma propre guérison ? Je me prends à penser que si la douleur morale a besoin de compagnie pour être traversée, la douleur physique se vit mieux seul. Le soldat qui s'extrait une balle du bras de la pointe de son couteau souffrirait peut-être plus si quelqu'un d'autre l'opérait, ou simplement le regardait... ou est-ce une considération proto-hystérique ?
(pour le titre de ce billet, merci à Tom Waits)
(pour le titre de ce billet, merci à Tom Waits)
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